magazine du château de versailles

Chez les filles
de Louis XV

En fin d’année, les appartements de Mesdames réouvrent, avec de nombreux meubles et décors d’époque. On appelait « Mesdames » les six filles de Louis XV, dont Adélaïde et Victoire, qui habitèrent ces espaces à la veille de la Révolution.

Il y a maintenant presque trente ans que les appartements de Mesdames au rez-de-chaussée du corps central du château étaient restitués dans leur état de la fin du XVIIIe siècle. Situés sous le Grand Appartement et la partie nord de la galerie des Glaces, ils étaient occupés à la fin de l’Ancien Régime par les deux dernières filles de Louis XV résidant encore à Versailles, Madame Adélaïde (1732-1800) et Madame Victoire (1733-1799). Ces appartements leur avaient été définitivement affectés en 1769, alors que tout espoir de mariage était définitivement écarté, faute de princes européens catholiques de leur rang. Des filles de Louis XV, seule l’aînée, Madame Élisabeth, fut mariée à son cousin l’Infant Philippe.

Alors que le mobilier de ces appartements avait été vendu pendant la Révolution, le décor de boiseries devait en grande partie subsister jusqu’à sa destruction par Louis-Philippe à l’occasion de la création des galeries historiques en 1837. Malgré l’effort accompli, ces salles n’avaient pu bénéficier que d’un remeublement partiel, en raison de l’absence des meubles d’origine. Depuis, l’enrichissement régulier des collections comme les très importants dépôts consentis ces dernières années par le musée du Louvre et le Mobilier national ont permis de reconsidérer l’ameublement de ces appartements afin d’en renforcer le pouvoir d’évocation, à partir d’une relecture des inventaires et avec la collaboration du décorateur Jacques Garcia.

Bras de lumière à trois branches de style
Louis XVI, d’après un modèle créé en 1787 par Louis-Gabriel Feloix (1729-1812), fondeur doreur, pour la chambre à coucher de Madame Adélaïde, fille de Louis XV © Château de Versailles / © Christian Milet.

La recherche des meubles et objets d’art qui ont figuré dans ces pièces avant la Révolution, poursuivie inlassablement, a été couronnée de quelques découvertes. Ainsi le Château a pu acquérir en 2009 une paire de bras de lumière en bronze doré à décor arabesque du modèle du bronzier Louis-Gabriel Feloix livré en 1787 pour la chambre de Madame Adélaïde ; déposé par le Mobilier national, le cartel « à rubans grand modèle » du bronzier Osmond orne à nouveau la chambre de Madame Victoire. Mais la remise en place des seuls éléments d’origine, trop peu nombreux, aurait conduit à visiter des pièces en grande partie vide. C’est pourquoi il a paru opportun d’évoquer le goût de Mesdames à travers le mobilier provenant de leur château de Bellevue. Aux collections déjà riches de Versailles dans ce domaine, le dépôt du musée du Louvre y a ajouté un ensemble de meubles de Martin Carlin à panneaux de laque du Japon et placage d’ébène, de 1781-1782, qui avait orné le grand cabinet de Madame Adélaïde dans cette résidence privée, et qui a tout naturellement pris place dans le grand cabinet de cette princesse à Versailles. Quant au dépôt du Mobilier national, il comporte notamment une bibliothèque et un secrétaire à cylindre en acajou d’Étienne Levasseur, du goût le plus novateur, que Madame Adélaïde avait commandés à la veille de la Révolution pour son cabinet intérieur à Bellevue.

 

« La recherche des meubles et objets d’art qui ont figuré dans ces pièces avant la Révolution, poursuivie inlassablement, a été couronnée de quelques découvertes. »

Secrétaire à abattant, vers 1789, œuvre de l’ébéniste Étienne Levasseur (1721-1798) © Château de Versailles, Dist. RMN © Jean-Marc Manaï.

La visite de ces appartements ne saurait être comprise sans la présence dans les chambres de lits abondamment drapés. Dans l’attente de la découverte de lits « à la duchesse » – c’est-à-dire perpendiculaires au mur – tels que les décrivent les inventaires, deux très beaux lits du XVIIIe siècle, dont l’un provenant du musée du Louvre, sont exposés.
Et afin d’en compléter la présentation, des impériales de lit, déposées par le Mobilier national, permettent de recréer le décor textile rehaussé de passementerie qui les enveloppait. À cette occasion, un nouveau broché a été tissé pour la chambre de Madame Adélaïde.

Bertrand Rondot,
Conservateur en chef, département du mobilier et des objets d’art au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.

 


À VOIR :

Visites libres : Les appartements de Mesdames réouvrent d’ici la fin de l’année.
Les appartements de Mesdames sont situés au rez-de-chaussée du corps central du Château.

Visites thématiques :
Mesdames, filles de Louis XV Vendredi 25 janvier 2013 et 15 février, dimanche 24 et jeudi 28 mars à 11 h.
Réservation en ligne ou par téléphone au 01 30 83 78 00.

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