La lanterne du XVIIIe siècle installée jusqu’ici
dans l’escalier d’honneur de l’Hôtel de Matignon éclairera désormais
le Grand Cabinet de Madame Victoire, au château de Versailles.
Livrée en 1784 pour le Cabinet Intérieur de Louis XVI à Compiègne, pièce aujourd’hui disparue, cette lanterne d’une extrême rareté est l’œuvre du marchand-mercier Dominique Daguerre et du doreur François Rémond. Sa réalisation est parmi les plus raffinées des dernières années de l’Ancien Régime, tant par l’audace du dessin, la qualité de la ciselure et les nuances de couleurs des ors (mat, moulu, rouge), que par le mariage subtil de son abondant décor et de ses ornements légers. Elle fut d’ailleurs acquise à un prix exorbitant pour l’époque, soit 9 800 livres.
Par ses dimensions, sa richesse et sa forme, ce précieux luminaire jusqu’alors suspendu dans l’escalier d’honneur de l’Hôtel de Matignon offre une équivalence parfaite à celui qui était placé originellement dans le Grand Cabinet de Madame Victoire, pièce d’angle des appartements de Mesdames, filles de Louis XV, au rez-de-chaussée du château de Versailles. Or depuis la restauration et le remeublement de ces appartements, réouverts au public au printemps 2013, il manquait à cette pièce une grande lanterne, luminaire traditionnellement utilisé au XVIIIe siècle. Il était alors d’usage de privilégier des lanternes plutôt que des lustres dans les pièces d’angle, pour éviter l’extinction des lumières provoquée par les courants d’air.
Avec l’accord du Mobilier national, l’Hôtel de Matignon a ainsi proposé que ce chef-d’œuvre rejoigne ce Grand Cabinet. Dès qu’elle sera restaurée, la lanterne retrouvera alors le mobilier réalisé par Tillard pour le roi de Suède, formant un ensemble historique cohérent qui évoque l’atmosphère de l’époque.
L’escalier de l’Hôtel de Matignon, redécoré au XIXe siècle sera quant à lui habillé d’une magnifique lanterne en bronze doré d’époque Empire, accrochée jusqu’à présent dans l’escalier Questel du château de Versailles, à l’extrémité de l’aile Nord.
La rédaction des Carnets de Versailles
Cet article est extrait des Carnets de Versailles n°4 (octobre 2013-mars 2014).