En prévision de la restauration du Grand Trianon en 2016, l’exposition d’été « Le Grand Trianon de Louis XIV à Charles de Gaulle » nous raconte l’histoire ininterrompue du lieu, depuis le « Trianon de porcelaine » construit par le Grand Roi, jusqu’à la résidence présidentielle voulue pour accueillir les hôtes étrangers de la Ve République il y a cinquante ans.
Le Grand Trianon fut précédé d’un premier château bâti en 1670 par Louis Le Vau, appelé Trianon de porcelaine parce qu’il était couvert de faïences bleues et blanches rappelant le « style chinois ». Essentiellement destiné à abriter les amours de Louis XIV avec la marquise de Montespan, il ne dura que le temps de cette idylle, et fut détruit dès 1687 pour être remplacé par l’actuel, bâtiment, originellement appelé Trianon de marbre, œuvre de Jules Hardouin-Mansart. Château de plaisir, le plus privé du roi, qui y conviait les dames de la cour pour des fêtes et des spectacles, il a conservé tout son décor du Grand Siècle, boiseries et tableaux sur le thème des Métamorphoses d’Ovide, en complète harmonie avec l’esprit léger de ce château de campagne.
Peu occupé par le roi Louis XV qui y vécut pourtant quelque temps auprès de la marquise Pompadour avant de faire édifier le Petit Trianon, il vit ses collections mobilières dispersées par la Révolution. Devenu palais impérial en 1804, Napoléon lui rendit son lustre au moment de son mariage avec l’impératrice Marie-Louise. Entièrement remeublé à cette époque, il fut une dernière fois occupé par le roi Louis-Philippe qui y logea toute sa famille, modifiant quelque peu le bâtiment pour le rendre plus confortable. Peu à peu transformé en musée hétéroclite, ce n’est que dans le courant du XXe siècle que le Grand Trianon retrouva ses ameublements historiques. Les plans, les gravures et dessins des collections du Château permettent d’évoquer toute l’histoire des aménagements et transformations de ce château de campagne, tandis que des bustes et portraits rappellent les personnalités qui l’habitèrent, les souverains et leurs favorites bien sûr, mais aussi des figures moins connues comme la princesse Palatine, belle-sœur de Louis XIV, la duchesse de Bourgogne, mère de Louis XV, ou la princesse Clémentine d’Orléans, fille de Louis-Philippe.
Jérémie Benoît,
Conservateur en chef au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
Exposition à venir au Trianon Un président chez le Roi - De Gaulle à Trianon Aile de Trianon-Sous-Bois Juin 2016 - Novembre 2016