Évoqué dans l’exposition Versailles Revival, 1867-1937, le paquebot France, entré en service en 1912, inaugure une série de navires de grand luxe, symboles du voyage transatlantique de l’entre-deux guerres. Aux commodités modernes, il associe un décor fastueux destiné à une clientèle principalement américaine, qui, le temps d’une croisière, peut s’imaginer à la cour de Louis XIV.
De 1912 à 1934, le paquebot France, deuxième du nom, de la Compagnie Générale Transatlantique1, assure une liaison régulière entre Le Havre et New York. Confortable et rapide, il est, à son lancement, le plus long navire de la flotte française (217 mètres). Il effectue sa traversée inaugurale quelques jours après le naufrage du RMS Titanic, à une vitesse moyenne de 23 nœuds, en cinq jours, dix-neuf heures et trente-neuf minutes.
Décors Grand siècle
Son surnom de « Versailles des mers » lui vient des aménagements de la 1ère classe tirés du vocabulaire décoratif Grand Siècle : volutes et rinceaux de la rampe d’escalier du hall de réception, flambeaux, torches, cuirasses, carquois et harpons de la frise décorative à la base de sa coupole, copie du portrait en pied de Louis XIV par Rigaud dans le salon de conversation et farandole d’amours inspirés du salon de la Guerre du château de Versailles, à la voussure de sa verrière. Les lambris de la bibliothèque et du fumoir évoquent le décor plus intimiste et gracieux de Trianon. La salle de bains d’un appartement de grand luxe est décorée de médaillons, copies des boiseries commandées par Louis XV à Antoine Rousseau en 1771 pour son cabinet des Bains.
Ce raffinement s’accompagne de nombreuses commodités : eau chaude et froide dans les salles de bains des cabines de 1ère classe, ventilation et électricité dans tout le navire, deux ascenseurs, une salle de cinéma, une salle de mécanothérapie, un poste de télégraphie sans fil, des chambres froides. La Compagnie s’assure ainsi la fidélité d’une clientèle américaine fortunée : diplomates, hommes d’affaires et artistes apprécient l’excellence de sa table, le service irréprochable, le décor à la fois fastueux et intimiste, les nombreux loisirs proposés à bord. Il participe du prestige de la Transat sur sa ligne transatlantique.
Comme la plupart des navires marchands, le France est réquisitionné pendant la Première Guerre mondiale. Il participe comme transport de troupes à la campagne des Dardanelles et sert en tant que navire-hôpital. Affecté à des croisières en Méditerranée et en Mer Baltique à partir de 1928, le France est désarmé en 1934.
Marie-Anne du Boullay,
Directrice de French Lines & Compagnies, Patrimoine maritime et portuaire
1 La Compagnie Générale Maritime est créée en 1855 par les frères Péreire pour répondre au besoin de l’État d’assurer le transport du courrier postal. Devenue Compagnie Générale Transatlantique (CGT) en 1861, elle est aussi appelée la Transat ou la French Line, du nom de la ligne commerciale Le Havre – New York inaugurée en 1864.
Paquebots et grands décors
Au milieu du XIXe siècle, les progrès conjugués de la machine à vapeur et de la construction navale répondent au besoin croissant de traverser les océans dans un contexte d’expansion coloniale, d’opportunités économiques et de mouvements de populations en quête d’une vie meilleure. Courrier postal, marchandises et passagers prennent place à bord de navires toujours plus grands et plus rapides, véritables faire-valoir de l’art de vivre et du savoir-faire national.
Au début du XXe siècle et jusqu’aux années 1920, les compagnies maritimes françaises et la CGT en particulier, s’inspirent des grands styles décoratifs français pour les aménagements de leurs paquebots : les styles Renaissance, Grand Siècle, Rocaille, Directoire, Second Empire sont reconnaissables dans le mobilier et les murs des salons, des salles à manger, des fumoirs, des cabines et des appartements. Chaque traversée est un avant-goût de ce que le passager étranger découvrira au cours de ses pérégrinations en France.
À VOIR
Exposition Versailles Revival, 1867-1937
du 19 novembre 2019 au 15 mars 2020
Château de Versailles
#VersaillesRevival
Commissariat :
Laurent Salomé, Directeur du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
et Claire Bonnotte, collaboratrice scientifique au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
Scénographie : Hubert Le Gall, assisté de Laurie Cousseau
AUTOUR DE L’EXPOSITION
Audioguide de l’exposition, disponible en français, anglais, espagnol. Inclus dans le billet.
Téléchargeable gratuitement sur l’application Château de Versailles.
Visites guidées de l’exposition, sur réservation par téléphone au 01 30 83 78 00 ou en ligne
Programmation spécifique pour les abonnés « 1 an à Versailles »
Visites familles, sur réservation par téléphone au 01 30 83 78 00 ou en ligne
À LIRE
Le catalogue de l’exposition
Coédition château de Versailles – In Fine ; 448 p., 24 x 30 cm ; prix : 49 € ; disponible sur boutique-chateauversailles.fr et dans les boutiques du Château.
Un livret-jeu gratuit pour les 8-12 ans est disponible à l’entrée de l’exposition et en téléchargement
En partenariat avec Paris Mômes