La Chapelle royale de Versailles est en train de dévoiler les atours de sa toiture : de magnifiques ornements en plomb qui ont été dorés, comme cela était le cas autrefois. Reportage auprès des artisans qui ont posé une à une, cinquante mètres au-dessus du sol, ces feuilles d’or.
C’était à la fin du printemps dernier, quand le chantier battait son plein, au sommet de la Chapelle royale. Karine Fernandez et Florent Bruneau, des Ateliers Gohard, s’affairaient autour d’un ange repeint d’une couche de préparation brune qui commençait à disparaître sous les reflets de l’or. De l’or 23,5 carats, le plus pur, le plus beau qui soit, à la mesure de ces ornements de plomb qui décorent la toiture de la chapelle du Château : la Chapelle royale, fréquentée quotidiennement par les souverains successifs de la monarchie absolue.
Un chantier pour plusieurs générations
Ce chantier est bien exceptionnel pour tous ceux qui y travaillent depuis maintenant trois ans. Karine et Florent, qui sont déjà intervenus sur la dorure des toitures du corps central du Château, en ont parfaitement conscience. Ils manifestent avec simplicité leur joie d’avoir été choisis pour une telle intervention : « Nous sommes tombés dans la bonne génération ! », se félicitent ces artisans aux doigts de fée qui savent que c’était la première et dernière fois qu’ils montaient là-haut. Ces gens-là raisonnent en décennies, voire en siècles, le temps que la dorure s’use, d’autant que les techniques utilisées n’ont pratiquement pas changé depuis la construction de la Chapelle, à la fin du règne de Louis XIV.
La technique de la mixtion
Ces techniques ont été adaptées lors de la redorure du dôme des Invalides, en 1989, qui a permis de mettre au point une mixtion – couche d’adhérence sur laquelle les feuilles d’or sont collées – efficace et durable. On en a supprimé le plomb, trop nocif pour la santé, mais qui présentait l’avantage de stabiliser le mélange par rapport aux écarts de température. Sur le chantier très exposé de la Chapelle royale, dressée face aux bourrasques du vent d’ouest, les doreurs ont dû faire preuve de souplesse, jouant sur les produits en fonction de la chaleur ou du froid, la veille pour le lendemain. Ils ont travaillé en vase clos, à l’intérieur de bâches épaisses protégeant leur chantier de la poussière produite par les autres corps de métier.
Karine et Florent ont glissé leur pinceau dans les multiples recoins occasionnés par les contorsions de ces anges monumentaux, aux regards tournés vers l’horizon. Les doreurs, eux aussi, aspiraient à aller encore plus loin. Florent, notamment, tenait absolument à s’occuper de la croix qui coiffait autrefois le lanternon disparu de la Chapelle royale et qui a été remployée sur l’un des groupes sculptés de la toiture : « J’irai au point le plus haut de Versailles ! ». Aujourd’hui, c’est chose faite, et le point le plus haut de Versailles touche le ciel de sa croix d’or…
Lucie Nicolas-Vullierme,
rédactrice en chef des Carnets de Versailles
La Chapelle royale du château de Versailles a été restaurée grâce au mécénat principal de la Fondation Philanthropia, qui a souhaité fédérer d’autres mécènes. Saint-Gobain, Dior et JCDecaux se sont ainsi également mobilisés en faveur de ce chantier d’ampleur.
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