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«Quand je chante, j’oublie tout»

Aujourd’hui, le premier récital de Mathias Vidal, Rameau triomphant, sort sous le label Château de Versailles Spectacles.
Conçu et enregistré avec Gaétan Jarry, ce programme fait entendre les plus beaux et les plus expressifs airs d’opéras du compositeur.
Rencontre avec ce brillant ténor, sur les Carnets de Versailles.

Mathias Vidal à l’Opéra royal. © François Berthier.

En 2020, vous avez enregistré sept disques à l’Opéra royal de Versailles. Une revanche sur le contexte ?

Mathias Vidal : Château de Versailles Spectacles fait beaucoup pour que le spectacle ne s’arrête pas et Laurent Brunner nous fait énormément travailler, avec Hervé Niquet, Valentin Tournet et Gaétan Jarry. Mais mon métier, c’est chanter devant des êtres vivants qui prennent l’énergie qu’on leur donne. J’aime m’habiller, me préparer pour eux, mais pas uniquement pour une caméra. La voix est là, dans toute sa technicité, mais il manque la flamme. Ces enregistrements restent cependant un moindre mal, dans l’hécatombe des concerts annulés depuis mars 2020. Cette crise m’inquiète aussi parce qu’elle sacrifie toute une jeune génération de musiciens et chanteurs qui tarderont à se produire et à rencontrer leur public.

À Versailles, on vous connaît surtout dans le répertoire baroque français. Mais vous abordez aussi le bel canto italien, l’opéra du XIXe siècle, la musique contemporaine… Où va votre sensibilité ?

Mathias Vidal : Cette question est impossible pour moi. Je ne cloisonne pas ces univers. Quand on est chanteur, l’essentiel, c’est la qualité du texte pour que le message passe. La variété des répertoires crée une synergie des énergies musicales. J’amène la générosité et la force vocale au répertoire baroque et j’apporte, grâce à l’univers baroque, une finesse, un raffinement aux répertoires plus tardifs. Passer d’un répertoire à l’autre est parfois un brin acrobatique, comme lorsque je dois incarner Phaéton de Lully, tout en préparant Le Nain de Zemlinsky. Mais je défends cet éclectisme qui nourrit ma spécialité, le baroque français. En fait, je suis arrivé très progressivement au baroque. À ma sortie du conservatoire de Paris en 2004, je n’aurais jamais imaginé chanter Rameau, que je trouvais bien trop compliqué. Et voici que j’enregistre, à Versailles, mon premier récital autour des plus beaux airs de ce compositeur avec Gaétan Jarry.

Mathias Vidal dans le rôle de Tamino, La Flûte enchantée, dirigée par Hervé Niquet. © Pascal Le Mée.

Vous êtes l’une des voix de Versailles. Quelle relation avez-vous nouée avec cet univers ?

Mathias Vidal : Le château de Versailles est comme une maison que je retrouve chaque fois avec bonheur. C’est un lieu extraordinaire, bien plus qu’un magnifique décor. On y travaille un peu comme dans une troupe, puisque nous nous retrouvons souvent autour des mêmes chefs d’orchestre, unis par une même pensée esthétique. Mais quand je chante, j’oublie le lieu, les dorures : j’oublie tout.

Propos recueillis par Clotilde Nouailhat.


Rameau triomphant
Jean-Philippe Rameau (1683-1764)

Mathias Vidal, haute-contre
Ensemble Marguerite Louise
Gaétan Jarry, direction

Livret français / anglais
Durée : 77’20/ 18 €

À commander sur la boutique en ligne de Château de Versailles Spectacles

 

Florilège d’airs d’opéra extraits des chefs-d’œuvre de Rameau: Les Fêtes de Polymnie, Les Paladins, Les Indes Galantes, Platée, Naïs, Dardanus, Pygmalion, Castor et Pollux

Maître de l’opéra français du XVIIIe siècle, Rameau écrivit pour la scène durant trois décennies (1733-1764). Sa trentaine d’ouvrages lyriques donnent une place considérable à la voix de haute-contre, incarnation de la plupart des rôles titres: Platée, Dardanus, Hippolyte, Pygmalion… Mathias Vidal, brillant représentant de cette tessiture de haute-contre, en est l’un des meilleurs spécialistes. Ayant chanté en scène la majorité des opéras de Rameau, il incarne avec évidence leurs personnages. Pour ce chanteur passionné du répertoire français, y enregistrer un récital dédié à Pierre de Jelyotte, hautecontre de Rameau, c’est faire sonner la théâtralité de sa musique jusqu’à un paroxysme triomphal !

Enregistré à l’Opéra Royal de Versailles du 1er au 3 novembre 2020


Et retrouvez toute la programmation de Château de Versailles Spectacles :

https://www.chateauversailles-spectacles.fr/programmation/1

 

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