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Amours de vestibule

Ces œuvres, à l’aspect parfois fragmentaire, n’avaient pas encore trouvé leur place. Provenant de lieux aujourd’hui disparus ou ayant rejoint tardivement les collections versaillaises, elles illustrent pourtant des sommets de l’histoire des jardins et de la sculpture française.

Dans le vestibule menant à l’appartement de la Dauphine, la plus ancienne des sculptures des jardins de Versailles que l’on ait conservées : L’Amour tirant à l’arc, par Louis Lerambert, 1667. © EPV / Christophe Fouin

Nouvellement rénovées, les deux salles modernes contiguës à l’appartement de la Dauphine et ouvrant sur le passage de bois sud du château de Versailles accueillent un ensemble de sculptures jusqu’alors conservées en réserve.

Soufflant de la trompette ou tirant à l’arc

La première de ces salles est dédiée aux sculptures provenant de parties disparues des jardins du château, comme les dômes du bosquet éponyme, jadis coiffés par les deux imposants groupes en plomb d’Amours soufflant de la trompette et tenant une couronne royale. Une cimaise présente plusieurs des bas-reliefs en plomb qui composaient le riche décor de la toiture des pavillons dû à Jacques Buirette, François Lespingola, Étienne Le Hongre et Pierre Mazeline. Outre un Mascaron orné d’une tête de femme coiffée de laurier et de perles, le Bouclier orné d’une tête de Méduse se distingue par sa force expressive. Quant aux trois exceptionnels bas-reliefs fondus en bronze doré par Pierre Ladoyreau représentant L’Amérique, L’Asie et un Casque au coq, ils ont été transférés, par souci de cohérence, des salles de l’Histoire du château où ils étaient jusqu’alors exposés.

Vue générale de la première salle avec les ornements qui ont subsisté du bosquet des Dômes, aujourd’hui disparus : groupes d’amours et bas-reliefs en plomb. © EPV / Didier Saulnier

À côté de cet ensemble évoquant le bosquet des Dômes est présenté L’Amour tirant à l’arc exécuté par Louis Lerambert en 1667. Plus ancienne des sculptures conservées des jardins de Versailles, ce groupe en plomb orna le bassin du parterre des Fleurs, dit aussi parterre de l’Amour, détruit lors de l’aménagement de la seconde orangerie par Jules Hardouin-Mansart. Jaillissant de l’outre tenue par l’Amour, le jet d’eau symbolise la force aveugle du sentiment amoureux. Rare témoignage du premier Versailles de Louis XIV dédié aux fêtes et aux plaisirs, ce groupe est revenu au château en 2009 et est pour la première fois présenté au public.

Iris, messagère des Dieux, attache ses ailes, par Nicolas Sébastien Adam, achevée par son neveu Clodion, 1745-1780. © EPV / Didier Saulnier

Iris, messagère des Dieux, et Apollon, protecteur des Arts

Dans le deuxième vestibule sont présentées deux sculptures commandées par les Bâtiments du roi sous Louis XV, mais qui ne gagnèrent Versailles qu’au XIXe siècle. Probablement destinée au jardin du Dauphin avec deux autres statues (Ganymède, conservée à la Walters Art Gallery de Baltimore, et L’Aurore, en collection particulière), Iris, messagère des Dieux fut entreprise par Nicolas Sébastien Adam en 1743, et achevée par son neveu Clodion en 1780. Enfin, c’est pour le château de Bellevue, alors propriété de madame de Pompadour, qu’Apollon, protecteur des Arts fut commandé en 1749. Il s’agit de l’une des œuvres majeures de Guillaume II Coustou qu’il nous tardait de pouvoir admirer à loisir.

Lionel Arsac, conservateur au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Article publié dans Les Carnets de Versailles n°20 (avril-septembre 2022)


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