magazine du château de versailles

Un ballet
pour Marie-Antoinette

La dernière reine de France, au destin exceptionnel et tragique, méritait un ballet : Thierry Malandain l’a créé sur mesure à l’Opéra royal en 2019. Le chorégraphe nous raconte son parcours et sa fascination pour Versailles
où ce spectacle magnifique sera à nouveau présenté les 3, 4 et 5 juin.

Claire Lonchampt et Frederik Deberdt dans Marie-Antoinette © Château de Versailles Spectacles / Olivier Houeix

Destiné à être décorateur de théâtre, vous êtes devenu chorégraphe. Vous dirigez le Malandain Ballet Biarritz – présidé par Catherine Pégard depuis deux ans – et vous avez officiellement été installé à l’Académie des beaux-arts le 6 avril dernier. Comment retraceriez-vous tout ce parcours ?

Thierry Malandain : Tout cela est advenu un peu par hasard. Désireux d’entretenir la fibre artistique que j’avais toujours eue, j’ai finalement eu la chance de devenir danseur. Après avoir dansé à l’Opéra de Paris, puis au Ballet du Rhin à Mulhouse et au Ballet Théâtre Français de Nancy, j’ai découvert dans un magazine un concours de danse nommé Volinine. Mystérieusement attiré, je m’y suis attelé et j’ai remporté le premier prix. Après deux autres concours également couronnés de succès, j’ai fait le pari fou de quitter Nancy avec sept danseurs et de monter une compagnie nommée Temps Présent, d’abord installée à Élancourt, puis à l’Opéra Saint-Étienne pendant six ans, et à Biarritz depuis vingt-trois ans maintenant. Après une multitude de projets et beaucoup de travail, mais aussi malgré deux années de pandémie qui ont été un coup de massue pour le monde de la danse, l’attractivité de nos ballets ne s’est heureusement jamais amoindrie.

Thierry Malandain. © Château de Versailles Spectacles / François Berthier

Vous êtes un héritier de la danse classique, à laquelle vous mêlez votre signature plus contemporaine. Qu’est-ce qui vous guide pour créer vos chorégraphies ?

Th. M. : C’est bien à partir du ballet classique que je travaille. Pour moi, celui-ci n’a jamais été un langage figé et il ne cessera pas d’évoluer. Tout en y restant fidèle, j’aime l’adapter à notre époque, à travers des thèmes et à travers le langage. Cependant, au moment d’entreprendre une création, je vis l’expérience bouleversante et inconfortable de ne pas vraiment maîtriser mes sources d’inspiration. En effet, ma recherche de mouvements est souvent nourrie d’idées qui me viennent mystérieusement en tête, de façon innée. C’est sans doute une forme d’expression personnelle et de mise à nu qui s’opère, à travers les fortes émotions suscitées par la danse et les personnages profondément humains qu’elle met en scène. De plus, la sensibilité contemporaine que je dévoile dans mes chorégraphies, à la fois nourries de références et accessibles, rencontre les faveurs du public : je crois vraiment que cela m’encourage en toute chose.

Scène du ballet Marie-Antoinette. © Château de Versailles Spectacles / Olivier Houeix

Vous serez de retour à Versailles en juin pour présenter votre ballet Marie-Antoinette, créé en 2019 pour l’Opéra royal. Comment s’y prendre pour retranscrire une histoire aussi complexe que celle de la dernière reine de France ?

Th. M. : Il y a cette fascination pour Versailles qui m’a, plus que jamais, motivé. J’ai le souvenir d’une visite où j’avais pu apercevoir la scène, avec mes yeux d’enfant, à travers une porte entrouverte. Aujourd’hui, c’est un grand privilège de s’y produire. Devant un champ des possibles colossal pour Marie-Antoinette, j’ai choisi d’évoquer sa vie versaillaise depuis son mariage jusqu’à son départ en 1789. Pour la musique, j’ai opté pour un cycle de trois symphonies de Joseph Haydn, jouées en direct par l’orchestre. Je suis parti d’une sélection d’enregistrements dont l’interprétation musicale me parlait le plus : il a fallu ensuite que l’orchestre reproduise au mieux ces versions sur lesquelles j’ai bâti le ballet, car, au-delà du tempo, la danse épouse les sons de certains instruments qui ressortent à des moments précis, qui ont engendré un sentiment et donc légitimé un mouvement. Puis c’est le miracle qui opère. Enfin, en plus de Marie-Antoinette, je me suis beaucoup laissé guider par le personnage de Louis XVI, dont le caractère très humain m’a tout particulièrement séduit.

Propos recueillis par Camille des Monstiers.

 


À VOIR ET ÉCOUTER

Malandain Ballet Biarritz
Marie-Antoinette

Ballet pour 22 danseurs
Création 2019

Vendredi 3 juin, à 20h
Samedi 4 juin, à 19h
Dimanche 5 juin, à 15h et 20h

Information et réservation sur le site de Château de Versailles Spectacles

Thierry Malandain Chorégraphie
Joseph Haydn et Christoph Willibald Gluck Musique

Jorge Gallardo Décors et costumes
François Menou Conception lumière
Véronique Murat, assistée de Charlotte Margnoux Réalisation costumes
Nicolas Dupéroir Création sonore
Frédéric Vadé Réalisation décor
Annie Onchalo Réalisation accessoires
Charlotte Margnoux Réalisation des coiffes

Orchestre de l’Opéra Royal
Sous le Haut Patronage de Madame Aline Foriel-Destezet

Stefan Plewniak Direction

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