Denis Podalydès est le narrateur de la web-série réalisée par le château sur la période de l’Occupation allemande. Originaire de Versailles, l’acteur, metteur en scène et scénariste se confie alors que deux podcasts d’entretiens avec des spécialistes de cette époque viennent compléter
les quatre épisodes de la web-série.
Pourquoi avoir accepté de prêter votre voix à ce projet inédit ?
D. P. : J’aime l’exercice de l’enregistrement vocal en lui-même, j’aime enregistrer des voix off. J’entre ainsi dans une histoire parfois, et souvent, méconnue dont je deviens le narrateur, une histoire qui m’instruit, me passionne la plupart du temps. En général, ces voix off sont liées à l’histoire, à la politique et à la littérature. Ici, nous avons une intrication de ces sujets avec l’art, à travers des personnages dont je ne savais rien. Le thème, le texte, le cadre de ce projet de web-série me plaisaient. Et puis, Versailles est ma ville natale, le château, j’y ai fait mes premiers pas (dans les allées de Trianon, très exactement) !
Ce qui s’y est passé à Versailles lors de la Seconde Guerre Mondiale a-t-il eu une résonance particulière dans votre famille ?
Non, en tous les cas, pas directement liée au château. Ma famille maternelle habite, depuis les années 1930, le même immeuble, rue du Maréchal Galliéni, à deux pas du Trianon. Petite fille, ma mère, comme je l’ai fait plus tard, se promenait dans le parc. Le château est donc associé à la vie de ma famille et à la mienne. Il est un cadre, un paysage, un monument intime.
Durant la guerre, mon grand-père était en captivité et notre immeuble a été occupé par les allemands. En visionnant les films et les documents d’époque, je cherchais des yeux ma grand-mère et ma mère dans les allées… Après l’exode, elles sont, en effet, revenues dans l’immeuble. Tous les jours ou presque, elles faisaient un tour au bassin de Neptune. Mais je n’avais ni connaissance ni conscience de cet épisode particulier de la vie du château pendant l’Occupation.
Des images de cette web-série vous ont-elles particulièrement marqué ?
C’est tout l’ensemble: voir les inscriptions allemandes, les soldats de la Wehrmacht dans ces lieux pour moi si familiers ; retrouver l’idée même d’occupation, le sentiment terrible qu’inspire ce mot ; découvrir, d’un autre côté, les visages de ces différentes personnes qui ont eu peur pour cet endroit, ont résisté à leur façon en produisant cet énorme travail de préservation ; apprendre que le château, comme Paris, aurait pu brûler, sauter, être réduit à néant comme c’est arrivé en Syrie sur le site historique, monumental et sublime de Palmyre ; comprendre, à travers ce film, combien la folie guerrière menace des choses que nous croyons éternelles et indestructibles ; retrouver, enfin, à travers les images qui montrent les gens dans les allées du parc, sur la place d’Armes, la présence de ma mère, la vie de ma famille maternelle, en rêvant à ses promenades dans les jardins et s’imaginer comment elle a pu percevoir cette sauvegarde de Versailles…
Propos recueillis par Violaine Solari
À VOIR
Versailles occupé – Le château dans la Seconde Guerre mondiale :
• 4 épisodes (10 min chacun), disponibles sur la chaîne YouTube du château de Versailles : Épisode 1 « Que le bon génie de Louis XIV protège Versailles » ; Épisode 2 « Un jour qu’il faisait nuit » ; Épisode 3 « Qu’importe, la roue tourne » ; Épisode 4 « Versailles is intact : Fountains play again ».
• 1 podcast de fiction : « Il faut sauver Versailles ! », disponible sur toutes les plateformes d’écoute (Spotify, Deezer, Apple podcasts…).
• 2 podcast d’entretiens avec des spécialistes : « La bataille des mémoires » et « On erre aux lanternes ».
• L’intégralité des interventions du colloque « Les châteaux-musées franciliens et la guerre : une protection stratégique (1939-1945) », organisé en 2021, disponible sur la chaîne YouTube du Centre de recherche du château de Versailles. Les actes de ce colloque seront bientôt publiés aux éditions Hermann, en coédition avec le château de Versailles.
Tous ces contenus sont accessibles sur le site Internet du château de Versailles