magazine du château de versailles

Le pavillon de Marly
sous de Gaulle Président

La rénovation du pavillon présidentiel de Marly fait ressurgir la figure de Charles de Gaulle. Quel fut l’impact du séjour que le Général y passa, en 1946, sur ses choix, une fois élu ?
Les papiers des services de l’Élysée, conservés aux Archives nationales, permettent, en tous les cas, de poser les faits.

L’une des rares photographies de l’intérieur du pavillon lors de l’entrevue du général de Gaulle avec le chancelier Adenauer pour échanger sur le contexte international. © Getty Images / © Photo Keystone-France

Le 4 mars 1959, soit deux mois seulement après son intronisation, de Gaulle choisit Marly pour recevoir Konrad Adenauer, chancelier de la République fédérale d’Allemagne, et s’entretenir avec lui du contexte international, notamment des relations Est-Ouest. Arrivé le matin même en train, Adenauer rejoint le Général peu avant le déjeuner pour une journée de dialogue, clôturée par un dîner en petit comité.

Rendez-vous de chasse,
en alternance avec Rambouillet

À l’été 1959, le premier chef d’État de la Ve République doit se prononcer sur l’organisation des chasses présidentielles dont l’usage, survivance de celles de l’Ancien Régime, se perpétue depuis l’Empire. Lors d’un entretien avec l’inspecteur des eaux et forêts qui en a la charge, de Gaulle approuve le calendrier pour la saison à venir. Il demande néanmoins que les chasses n’aient lieu ni le samedi, jour habituel de leur déroulement, ni le dimanche. Surtout, il interroge longuement son interlocuteur sur l’éventualité d’en organiser de non officielles.

Distribution du gibier à l’issue de la chasse présidentielle du jeudi 22 octobre 1959 à Marly, Paris, Archives nationales. © Archives nationales.

C’est ainsi qu’à compter d’octobre 1959, trois à quatre rendez-vous sont organisés tous les ans à Marly, en alternance avec les chasses à Rambouillet. Les participants, au nombre d’une petite vingtaine, comptent des membres de la famille du Général, ses plus proches collaborateurs, des élus et représentants des corps constitués. Sur la liste des personnes en présence, les noms sont cochés au crayon rouge lors du « pointage départ », à 8 h 45. Ce n’est pas le cas de celui du Général, mentionné en tête de la liste, car il ne chasse pas. Mais il rejoint ses invités en fin de matinée pour assister à la dernière battue. Puis tous regagnent le pavillon pour un rafraîchissement, la présentation du tableau de chasse et le déjeuner.

Avec Malraux, le « génial ami »

On peut également rappeler la journée du 28 août 1963 passée avec André Malraux, le ministre de la Culture. Elle commence au pavillon de Marly pour finir à celui de la Lanterne, en bordure du parc de Versailles, où Malraux réside depuis l’attentat à son domicile en 1962. Après le déjeuner à Marly, auquel est aussi convié Marc Saltet, l’architecte du domaine de Versailles, se déroule une visite du chantier en cours au Grand Trianon pour accueillir les chefs d’État étrangers de passage en France. Puis, une halte est faite dans l’exposition Le Brun présentée au château de Versailles.

L’une des chambres aménagées dans l’aile de Trianon-sous-Bois, au Grand Trianon. © EPV / Thomas Garnier

La profonde estime qui lie les deux hommes a sans doute motivé le général de Gaulle à mettre le pavillon de Marly à la disposition de Malraux, en mai et juin 1966, quand celui-ci éprouve le besoin de s’isoler à l’approche de l’anniversaire de la disparition de ses deux fils. Le séjour que le « génial ami » effectue donc à son tour souligne tout l’égard que lui porte le Président.

Karine Mc Grath,
cheffe du service des archives du château de Versailles

Le pavillon de Marly a été rénové grâce au financement du Département des Yvelines.

Les activités culturelles seront organisées par l’Établissement public du château de Versailles en partenariat avec la Fondation Charles de Gaulle et la ville de Marly-le-Roi.

mot-clés

partagez

à lire également