Le domaine de Marly vient d’être labellisé Jardin remarquable par le ministère de la Culture. C’est la reconnaissance d’un patrimoine historique et environnemental dont les extraordinaires jardins ont malheureusement disparu. Les reproductions in situ des plans d’un recueil acquis par le château de Versailles permettent de se faire une idée de cette grandeur engloutie.

Vue d’ensemble du parc de Marly depuis sa partie haute. © EPV / Thomas Garnier

Ne restent qu’un vaste cirque de pelouse et la pièce d’eau centrale autour de laquelle s’articulait l’un des endroits les plus sophistiqués du Grand Siècle, si cher au Roi-Soleil qui l’avait aménagé pour son seul plaisir. Comment se figurer la majesté de ces jardins, disposés selon une ordonnance « aussi nouvelle qu’extraordinaire¹ », alliant une rigueur implacable à une indicible poésie ? Combien d’amateurs donneraient-ils pour passer, ne serait-ce que quelques heures, dans ces lieux tels qu’ils se présentaient à l’époque ? Pour admirer le jeu spectaculaire de terrasses et de glacis de gazon à l’échelle du ciel ? Pour flâner, au Levant comme au Couchant, sous les portiques de verdure à voûtes d’arêtes, s’immobiliser dans le silence d’un « salon » clos, au pied de statues altières, suivre des yeux les carpes multicolores glissant au fond des bassins, voire passer une nuit dans l’un des pavillons destinés aux invités du Roi, bercé par le bruissement des multiples fontaines ?

Alignements d’arbres et d’ifs taillés dans le parc de Marly. © EPV / Thomas Garnier

Peu d’images de Marly nous sont parvenues

Amphithéâtre de Mercure, Bains d’Agrippine, cabinet de la Rêverie, salle des Collations… les noms de ces endroits insignes suffisent pour appréhender le degré de raffinement de ces bosquets, ponctués de salles de repos et de propositions de jeux comme la roulette ou l’escarpolette. Malheureusement, relativement peu de représentations permettent d’en apprécier le détail. Quelques tableaux et, surtout, des vues formant plusieurs albums conservés aux Archives nationales inspirent le chercheur et stimulent l’imagination.

Une partie de la reconstitution de Marly à partir des plans du recueil acquis par le château de Versailles. © EPV / Christophe Fouin

Or, le château de Versailles a acheté en 2014 un recueil de plans qui permet de reconstituer l’ensemble du domaine à ses débuts, lorsque est abordée la question de la partie haute du parc. Grâce à l’exposition de dessins² où étaient présentés ces plans, l’idée est venue d’en montrer des reproductions sur place, devant le site en grandeur réelle. Ainsi l’on peut déjà appréhender l’organisation spatiale qui faisait toute l’originalité de Marly. Pour les plus connaisseurs, ces panneaux permettent de localiser des lieux représentés dans les albums des Archives nationales. Et de goûter, un tant soit peu, à ce Marly si prisé autrefois.

Lucie Nicolas-Vullierme,
rédactrice en chef des Carnets de Versailles

1 Mercure galant, novembre 1686.
2 Exposition Dessins pour Versailles, vingt ans d’acquisitions, organisée du 1er juin au 7 novembre 2021 au château de Versailles.

Article publié dans Les Carnets de Versailles n°19 (nov. 2021 – mars 2022).

À VOIR

Le parc de Marly,
ouvert tous les jours, de 7h à 19h30, du 1er avril au 31 octobre,
et de 8h à 17h30, du 1er novembre au 31 mars.
Accès libre.
Information sur chateauversailles.fr

Le musée du Domaine royal de Marly, dans le parc.
Information sur musee-domaine-marly.fr