Après avoir soutenu la restauration du cabinet de la Cassette,
pièce des bains de Louis XV, L’Oréal a permis l’acquisition d’un objet particulièrement précieux des collections du « Bien-Aimé » :
un microscope. Tout un symbole de la beauté mêlée à l’innovation, aux yeux de Nicolas Hieronimus, Directeur Général du Groupe L’Oréal.
Que représente le mécénat pour une grande entreprise comme la vôtre ? Depuis de nombreuses années, vous apportez votre soutien au patrimoine, parmi beaucoup d’autres actions philanthropiques. Comment cette préoccupation s’inscrit-elle dans votre stratégie ?
Nicolas Hieronimus : Le Groupe L’Oréal dispose d’une Fondation depuis plus de vingt ans dont l’action est structurée autour de trois axes : accélérer les carrières des femmes scientifiques, donner accès à des soins de beauté et de bien-être gratuits à des femmes fragilisées par la maladie ou la précarité et favoriser leur accès à l’emploi, et enfin, soutenir l’action des femmes dans la transition écologique.
Mais L’Oréal, c’est aussi le rayonnement de la France et donc la valorisation de son patrimoine. La marque L’Oréal elle-même, avec ses cent treize ans, fait partie du patrimoine français. Nous avons ainsi participé à l’effort de reconstruction de Notre-Dame et nous soutenons l’exposition immersive Notre-Dame de Paris, l’Expérience.
Dans la mesure où le château de Versailles est le symbole de la France rayonnante, de la beauté et de l’excellence à la française, il était tout naturel que L’Oréal apportât son soutien à ce lieu, comme nous l’avons fait déjà, il y a quelques années, pour la restauration de la salle de bains de Louis XV. À l’époque, le roi disposait de deux baignoires : l’une pour se savonner, l’autre pour se rincer, ce qui témoigne du raffinement au XVIIIe siècle.
Le château de Versailles sollicite généralement ses mécènes sur des projets particuliers. Cette année, vous avez été d’emblée enthousiaste pour nous accompagner dans l’acquisition de ce microscope commandé par Louis XV. Pourquoi ?
N. H. : La France et la science sont au cœur de l’ADN de L’Oréal. En effet, c’est un chimiste – Eugène Schueller – qui a créé L’Oréal, à Paris. Il avait pour objectif d’apporter les dernières innovations en matière de beauté au public grâce à la science. Le microscope de Louis XV symbolise parfaitement ces deux valeurs clés. L’une des passions de Louis XV était la science et la France produisit sous son règne des merveilles technologiques. Le roi était profondément intéressé par la capacité de voir ce qui n’était pas accessible à l’œil humain. Grâce à lui, la France a produit certains des plus grands télescopes et microscopes de son temps.
Très peu de ces microscopes à trépied ont été fabriqués. En effet, il y en a six qui sont connus, presque tous entre des mains privées. Lorsque ce microscope extraordinaire a été mis en vente, il était évident qu’il s’agissait à nos yeux d’une opportunité historique de le faire revenir à Versailles et, bien sûr, de l’offrir au regard du public français, pour la première fois.
C’est une manière pour nous de faire vivre l’esprit et l’ambition d’Eugène Schueller, mais aussi de rendre hommage à quatre mille chercheurs du Groupe L’Oréal, issus des différents domaines des sciences naturelles et de la chimie. Une réplique du microscope sera d’ailleurs disposée à l’entrée de nos laboratoires.
Ce microscope fait le lien entre le patrimoine et l’innovation. Quelle part représente la recherche dans la politique de L’Oréal ?
N. H. : Chez L’Oréal, nous considérons que la beauté est le résultat de la rencontre entre la science et la créativité. Nous investissons plus d’un milliard d’euros dans la recherche et l’innovation chaque année.
Eugène Schueller avait inventé la première teinture inoffensive pour les cheveux. Nous réinventons aujourd’hui la beauté grâce aux « sciences vertes » et à ce que nous appelons la Beauty Tech. L’utilisation de la technologie permet de faire un diagnostic virtuel, de personnaliser les soins de la peau et des cheveux, de reformuler les produits afin qu’ils soient toujours plus durables, et nous aide à devenir une entreprise plus agile.
À titre personnel, qu’est-ce qui vous séduit dans cet objet extraordinaire ?
N. H. : Ce microscope est une prouesse technologique ainsi qu’un objet d’une immense beauté.
À l’époque, la France était en concurrence directe avec la Grande- Bretagne et l’Allemagne. Louis XV a réussi à produire des technologies extrêmement avancées, avec beaucoup de panache et d’audace. Une telle démarche résonne avec un de nos mantras chez L’Oréal, « saisir ce qui commence ».
Quel est votre lien avec le château de Versailles ? Votre premier souvenir ?
N. H. : Le château de Versailles fait partie de l’histoire de France, mais aussi de mon histoire personnelle. Je l’ai visité avec mes parents et j’y suis aussi venu plusieurs fois avec mon épouse et mes fils. Je me souviens encore de l’intense émotion à voir le spectacle des Grandes Eaux pour la première fois. La puissance de ce que j’ai ressenti m’a évidemment conduit à imaginer le ravissement à peine croyable que ces fontaines ont dû procurer à leurs contemporains lors de leur création, dans les années 1670.
Y a-t-il un lieu qui vous émeut particulièrement ?
N. H. : Évidemment, mon expérience de la beauté me donne envie de vous répondre instantanément la galerie des Glaces. J’aime aussi particulièrement le Grand Canal, dont la perspective procure un apaisement précieux quand on a l’agenda et les sollicitations qui sont les miens dans mes fonctions actuelles.
Quelles actions envisagez-vous autour de ce mécénat ?
N. H. : Je suis d’abord très heureux que ce chef-d’œuvre soit partagé avec le public et que son arrivée à Versailles coïncide avec l’exposition consacrée à Louis XV. C’est avec joie que nous ferons découvrir cet objet unique et son histoire à nos équipes. C’est en leur nom que nous avons souhaité l’offrir au château de Versailles et à la France.
Propos recueillis par Catherine Pégard,
Présidente de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles
À VOIR
Exposition Louis XV, passions d’un roi
jusqu’au 19 février 2023
Château de Versailles, salles d’Afrique et de Crimée
Horaires : Tous les jours, sauf le lundi, de 9 h à 17h30 (dernière admission à 17 h).
Billets : Accessible avec le billet Passeport, le billet Château, ainsi que pour les bénéficiaires de la gratuité.
Gratuit et illimité avec la carte « 1 an à Versailles ».
Commissariat :
Yves Carlier, conservateur général du patrimoine, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
Hélène Delalex, conservatrice du patrimoine, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
Scénographie : Martin Michel
Autour de l’exposition
Visites guidées de l’exposition, ainsi que la visite guidée « Chez madame Du Barry, dame de Cour et de cœur » qui mène à son appartement, de nouveau rouvert au public.
Sur réservation par téléphone au 01 30 83 78 00 ou en ligne sur chateauversailles.fr
Visites en famille : Plusieurs activités sont proposées
Un livret-jeu gratuit pour les 6-12 ans, disponible à l’entrée de l’exposition ou sur chateauversailles.fr
Un parcours audio, disponible dans l’audioguide du Château et sur l’application mobile onelink.to/chateau
Cycle d’activités proposé aux 18-30 ans et aux détenteurs du Pass Culture.
Programmation spécifique pour les abonnés « 1 an à Versailles » à découvrir sur chateauversailles.fr/abonnes
À LIRE / À ÉCOUTER
Le catalogue de l’exposition, sous la direction d’Hélène Delalex et Yves Carlier. Château de Versailles / éd. In Fine, 2022, 24 × 30 cm, 496 p., 49 €
Disponible sur boutique-chateauversailles.fr
Une playlist « Louis XV » : Parcourez l’exposition en musique, au rythme du XVIIIe siècle, grâce à cette sélection musicale, disponible gratuitement sur la plateforme d’écoute Deezer.