Le remeublement de la Maison de la Reine selon l’état 1811 a nécessité de nombreuses restaurations qui ont concerné pas moins d’une cinquantaine d’œuvres, sans compter thyrses et pommes de pin !
Depuis 2014, le chantier de remeublement de la Maison de la Reine a mobilisé l’énergie des trois ateliers d’ébénisterie, de dorure et de tapisserie du Château. Plusieurs meubles de noyer – deux buffets, une table, une commode – ont été, notamment, sauvés de la ruine tant les fonds manquaient et les bois étaient tachés. Le billard en chêne, anciennement présenté au Grand Trianon, a été entièrement démonté, décapé et ciré dans une teinte acajou, sans omettre les oeuvres passées en traitement de finition. Quant aux étoffes du lit, elles n’auraient pu se déployer si harmonieusement sans un ciel de lit proportionné au volume de la pièce. Enfin, l’atelier de dorure s’est concentré sur les si nombreux thyrses, embouts, tringles et pommes de pin portant les rideaux de la Maison.
L’intervention la plus considérable a concerné les travaux de tapisserie de l’ensemble de la duchesse de Massa, l’objectif étant de respecter les garnitures d’origine en les renforçant par des points de piquage propres aux garnitures à l’anglaise, des piqûres de crin blond et de nouvelles mises en blanc1. Les fauteuils ont été couverts d’un velours de soie jaune, assorti d’un galon indigo (1), selon l’esprit de l’inventaire, avec un entoilage neuf en gros de Tours coordonné. La fragilité du velours a rendu le travail très complexe, tout comme la pose des larges galons (2) et la fabrication de l’immense carreau de canapé (3), selon les techniques traditionnelles de l’art du tapissier.
Élisabeth Caude,
Conservateur général, chef du département du mobilier et des objets d’art au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
1. Pose de la toile sous le tissu définitif.
Cet article est extrait des Carnets de Versailles n° 13 (avril – septembre 2018).