Elle ne se faisait pas remarquer, au milieu des passionnés entraînés par la Société des Amis de Versailles, et s’est éteinte sans prévenir des dispositions qu’elle avait prises en faveur du Château. C’est pourtant grâce à Simone Baraille que des pièces insignes du XVIIIe siècle ont pu retrouver les lieux auxquels ils avaient été destinés.
On la croisait souvent dans la cour d’Honneur. Simone Baraille était membre de la Société des Amis de Versailles depuis de très nombreuses années. Elle participait assidûment aux activités de l’association. Elle aimait découvrir de nouveaux musées et surtout ne se lassait jamais des visites du Château. Elle se mêlait peu aux autres, mais se passionnait pour l’histoire et pour le mobilier du XVIIIe siècle. On n’en savait guère plus si ce n’est que cette dame stricte, discrète mais déterminée, avait naguère quitté sa Creuse natale pour s’établir comme pharmacienne à Boulogne. Et puis ses visites, à partir de 2010, se sont espacées tandis que sa santé se dégradait. Elle s’en est allée le 5 juin 2015…
L’histoire de Simone Baraille et du château de Versailles aurait pu s’arrêter là, dans ce lien inexpliqué, dont la Société des Amis n’avait été, au fil des années, que le témoin. Simone Baraille ne s’attardait jamais. Jamais de son vivant elle ne fit de dons pour Versailles. Jamais elle ne fit allusion à son patrimoine. Mais après sa mort, on apprit que, dans un testament olographe rédigé déjà en 2009, Simone Baraille avait désigné la Société des Amis de Versailles comme légataire universelle de sa fortune : plusieurs biens immobiliers et un contrat d’assurance-vie. Son appartement envahi de catalogues de ventes et de revues d’art confirmait son goût. Dans son testament, elle souhaitait affecter son legs à une « acquisition XVIIIe ». Et c’est ainsi que Simone Baraille est devenue l’une des plus grandes donatrices du château de Versailles en lui léguant comme par surprise, 3 millions d’euros. Ce don exceptionnel a permis d’exceptionnelles acquisitions.
En 2017, a pu être achetée une paire de chenets en bronze ciselé et doré, livrée par Piroin en 1778 pour Madame Élisabeth, la sœur de Louis XVI, chez Sotheby’s. Le titre de la vente, « l’Élégance intemporelle », suggère le raffinement de ces œuvres. En 2018, un plat d’entremets du service « Bleu céleste » de Louis XV est venu compléter les acquisitions de la Société des Amis de Versailles qui, depuis des décennies, contribue à reconstituer ce service insigne de la Manufacture royale de Vincennes voulu par le Roi, et qui se composait de 1 749 pièces ! En 2018 encore, la générosité de Simone Baraille a permis d’acquérir une ravissante petite commode créée par Riesener pour l’appartement de Madame Élisabeth. Elle sera installée dans la pièce des bains de Marie-Antoinette.
« Ce don exceptionnel a permis d’exceptionnelles acquisitions. »
À la fin de l’année enfin, grâce au legs de Simone Baraille que complètent ceux de Micheline Cavallo et de Monique Genneret, la Société des Amis de Versailles réalise sa plus prestigieuse acquisition depuis sa fondation : cette commode réalisée par Riesener pour Madame Adélaïde et livrée à Versailles le 18 décembre 1776. Ceux qui, le 13 septembre dernier, ont vu ce chef-d’œuvre « revenir » au Château et y retrouver exactement sa place dans le cabinet intérieur de Madame Adélaïde ont vécu cette émotion rare et indéfinissable, ce temps soudain gommé. Cette émotion, nous la devons à une passante inconnue, Simone Baraille. Nous garderons le regret de n’avoir pas partagé avec elle cette passion, celle des mécènes, trop souvent anonymes, qui font vivre Versailles. Il nous reste à dire ici notre reconnaissance…
Catherine Pégard,
Présidente de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles.
Le legs avec charge : transmettre à ce(ux) que l’on aime ?
Léguer tout ou partie de son patrimoine à un héritier indirect implique des droits de succession élevés. Or il est possible, non pas de réduire ce prélèvement obligatoire, mais de décider de son utilisation.
Une association, ou une fondation, reconnue d’utilité publique n’étant pas soumise à ces droits peut mettre à profit une partie de votre legs tout en garantissant aux proches que vous avez choisis de recevoir strictement la même chose. Il suffit, pour cela, de désigner cette association comme légataire universelle. Celle-ci reversera les montants prévus aux tiers héritiers, prenant à sa charge des droits de fait moins élevés, et pourra conserver le restant pour ses activités philanthropiques.
Avantage pour l’héritier indirect ? C’est l’association qui paie les droits de succession, souvent problématiques, et se charge des démarches parfois difficiles liées au décès : organiser des funérailles, vider un appartement, s’occuper de sa vente… La Société des Amis de Versailles propose cet accompagnement qui permet, à ceux qui aiment le château de Versailles et son histoire, d’y laisser un peu de soi-même : mention de votre nom sur les cartels des œuvres acquises ou restaurées grâce à votre legs, dans le grand livre du mécénat et, à partir d’un certain montant, dans la galerie de pierre basse.
Contacter la Société des Amis de Versailles :
Gwendoline Khoudi
direction@amisdeversailles.com,
01. 30. 83. 75. 63.