À l’échelle de l’histoire du Château de Versailles, l’heure est à la redécouverte de nouvelles facettes grâce aux techniques de numérisation et de modélisation 3D. Une ère grandement stimulée par le projet VERSPERA.
C’est au tour de la Bibliothèque nationale de France d’avoir livré tous ses trésors sur le Château, ses jardins et la ville de Versailles. Quelque 560 estampes et dessins issus des fonds « Robert de Cotte » et « Topographie française » ont été mis en ligne sur la banque d’images du Centre de recherche du château de Versailles. Soit plus de 820 documents – plans, coupes et élévations – désormais consultables aisément sur le web.
Parallèlement, les Archives nationales ont poursuivi leur énorme travail de numérisation. Après le Château lui-même (soit près de 6 000 vues), elles sont en train de terminer de traiter ses dépendances (près de 4 500 vues) avant de se consacrer à ses jardins (près de 5 000 vues). Le premier objectif du projet VERSPERA – préserver une source patrimoniale d’exception et faciliter son accès au grand public et aux chercheurs – est donc en passe d’être atteint, pour la plus grande satisfaction des partenaires en lice : le Centre de recherche du château de Versailles, porteur du projet, les Archives nationales, la Bibliothèque nationale de France et le laboratoire Etis, avec le soutien de la Fondation des sciences du patrimoine et du ministère de la Culture.
Un film primé par deux fois en 2019
Quoi de plus tentant que de restituer des espaces qui ont évolué ou disparu ? C’est également l’objectif de ce projet de le faciliter. Dès ses débuts, VERSPERA a inspiré la société de production Gédéon programme, séduite par la mise au jour de tous ces documents enfouis dans les archives. Avec Arte France et CNRS Images et le réalisateur Marc Jampolsky, elle a produit le film documentaire Versailles, le palais retrouvé du Roi-Soleil où l’on voit ressuscités des lieux fameux comme la Grotte de Thétis ou l’aile du Midi avant les réaménagements par Louis-Philippe.
Deux prix ont récompensé ce travail soigneux et didactique : le Prix du public aux Rencontres d’archéologie de la Narbonnaise et le prix du meilleur film sur le patrimoine au festival du Film sur le patrimoine culturel et l’archéologie, Arkhaios, aux États-Unis !
La modélisation 3D au cœur du projet
Mais rien n’aurait pu se faire sans la modélisation des données, assurée, pour ce docu-fiction, par le studio Aristeas. De manière plus continue, le laboratoire Etis apporte son expertise informatique pour traiter les données qui émergent au fur et à mesure de l’imposante base constituée par VERSPERA. « Après une pièce existante, mais qui a disparu – la galerie Mignard – nous nous sommes intéressés au projet d’un petit théâtre qui n’a jamais vu le jour. Nous passerons ensuite en revue un lieu toujours en place, le salon des Nobles, avec un autre défi : restituer son acoustique de l’époque ! », explique Mathieu da Vinha, directeur scientifique du Centre de recherche du château de Versailles, que les ramifications multiples de ce projet ne cessent d’enthousiasmer.
Lucie Nicolas-Vullierme,
rédactrice en chef des Carnets de Versailles
À LIRE
Versailles disparu de Louis XIV, par Mathieu da Vinha, Mathieu Lett, Alexandre Maral, Sophie Mouquin et Vivien Richard, Château de Versailles / éditions Honoré Clair, mars 2020, 21,5 × 24 cm, 208 p., 39 € TTC.
À VOIR