L’exposition se tiendra non loin du Château, au domaine de Madame Élisabeth, du 27 avril au 21 juillet. Elle dresse le portrait de la petite sœur de Louis XVI et retrace son destin tragique jusqu’à l’échafaud.
Connaissez-vous la petite sœur de Louis XVI ? Madame Élisabeth ne s’est pas mariée et resta toujours aux côtés de son frère. L’empereur Joseph II, bien que déjà deux fois veuf, avait pourtant envisagé de l’épouser. Mais le portrait que l’ambassadeur d’Autriche à Versailles lui fit de Madame Élisabeth n’était pas très flatteur : « Elle a grandi et pris de l’embonpoint qui, sans être démesuré, pourrait faire craindre qu’il n’augmentât trop par la suite. Une fantaisie de cette princesse peut y avoir donné lieu ; elle aime passionnément l’exercice du cheval ; on lui a représenté qu’il en résulterait l’inconvénient d’engraisser, mais cette remarque ne la touche pas ». Madame Élisabeth se moquait bien de son apparence et n’avait aucune envie de trouver un mari. Elle s’amusait de son embonpoint et écrivait ainsi à l’une de ses amies, partie se rétablir à la campagne : « J’espère que […] vous reviendrez presque aussi grasse que moi. Vous trouverez peut-être que c’est beaucoup ; mais je ne peux m’empêcher de vous souhaiter autre chose ».
Drôle, Madame Élisabeth était également réputée généreuse envers tous. C’est la jolie histoire de son vacher, Jacques Bosson, qui en témoigne sans doute le mieux. La princesse l’avait fait venir de Suisse pour s’occuper des quelques vaches qu’elle possédait au domaine de Montreuil. Mais Jacques se languissait de sa promise, Marie-Françoise Magnin, qu’il avait dû quitter pour entrer au service de Madame Élisabeth. L’apprenant, celle-ci fit venir Marie-Françoise de Suisse. Dotée par la princesse, elle épousa Jacques à l’église Saint-Symphorien en 1789 et une petite fille nommée Marguerite naquit un an plus tard.
En 1783, Madame Élisabeth avait reçut en cadeau de Louis XVI le domaine de Montreuil. Cette maison entourée d’un jardin à l’anglaise était alors une véritable campagne, à quelques centaines de mètres du château de Versailles. La princesse célibataire s’engagea à ne pas y dormir avant sa majorité, fixée à 25 ans, mais s’y rendit régulièrement avec ses dames. Celles-ci devaient lui tenir compagnie dans tous ses divertissements : broderie, dessin, musique, lecture mais aussi mathématiques, pêche à la ligne et surtout chasse et promenade à cheval !
En 1789, année de sa majorité, la princesse quitta définitivement Versailles et Montreuil pour s’installer avec la famille royale à Paris, au palais des Tuileries. Refusant de partir en émigration, elle affirma que son devoir était de rester auprès de son frère, le roi. Emprisonnée avec la famille royale au Temple après le 10 août 1792, elle fut précédée sur l’échafaud par Louis XVI et Marie-Antoinette. Son procès sommaire et son exécution en pleine Terreur, le 10 mai 1794, alors que sa vertu était déjà devenue légendaire, choquèrent les consciences. Morte à tout juste 30 ans, la « bonne et douce » Madame Élisabeth fut désormais considérée comme une princesse martyre.
Juliette Trey,
Conservateur au château de Versailles et commissaire de l’exposition
Exposition produite en partenariat avec le Conseil Général des Yvelines
À LIRE :
Catalogue de l’exposition Madame Élisabeth, une princesse au destin tragique 1764-1794,
coédition Château de Versailles / Éditions Silvana Editoriale
sous la direction de Juliette Trey,
broché, 23 x 28 cm, 192 p., 148 illustrations
Prix de vente 28 €
Parution : 2013