De Londres à Turin, de Sintra à Varsovie, l’Europe des châteaux se construit depuis plus de 20 ans à travers l’Association des Résidences Royales Européennes (ARRE). Elle réunit aujourd’hui plus de 80 châteaux-musées ouverts au public et permet aux professionnels des lieux de partager expériences, savoirs et bonnes pratiques.
Les interactions culturelles entre pays d’Europe existent, on le sait bien, depuis longtemps, où le château de Versailles a toujours été considéré comme un modèle. C’est à l’issue de son séjour en France que Pierre le Grand a voulu rivaliser avec la résidence des Bourbons à travers son palais de Peterhof, surnommé le « Versailles russe ».
De nos jours, les résidences royales d’Europe partagent leur savoir-faire et leurs projets à travers une association. L’ARRE a été fondée en 1996, à l’initiative du château de Versailles qui en détient la présidence et reste chef de file, avec des bureaux et une coordinatrice sur place. « L’objectif est d’apprendre les uns des autres autour de thématiques spécifiques à ces résidences royales. En effet, il s’agit d’endroits bien particuliers, marqués par l’histoire, des lieux de pouvoir qui ont été habités, contrairement aux musées, conçus dès l’origine pour recevoir des collections », explique Elena Alliaudi, chargée de mission Europe, qui se souvient de discussions animées entre directeurs de ces châteaux sur des sujets tout à fait concrets.
Ainsi des ampoules LED, mises au point par le cristallier Swarovski et simulant le vacillement de la flamme, utilisées à Versailles pour les lustres, les bras de lumière et les lanternes : elles ont fait mouche auprès d’autres institutions qui ont lancé des recherches pour les imiter.
Réunissant 24 membres aujourd’hui, l’ARRE représente un patrimoine exceptionnel. Avec quatre réunions techniques par an, elle favorise le dialogue aussi bien en matière de connaissance et de préservation des oeuvres que de mise en valeur auprès d’un public qui est évalué, au total, à 35 millions de visiteurs. C’est, par exemple, cet échange de personnel entre sites membres qui a permis, entre 2011 et 2014, à douze employés du château de Versailles de découvrir d’autres manières de travailler à Madrid, Hampton Court, Het Loo ou Wilanów.
Une réunion dédiée aux réseaux sociaux a eu, l’été dernier, un retentissement inattendu. L’ARRE avait décidé de lancer une journée sur twitter qui mette en avant les similitudes entre les sites membres. Ce #PalaceDay a aboli toutes les frontières, au-delà de celles de l’ARRE, avec la participation, par exemple, de Buckingham Palace. Nombre d’anecdotes ont été partagées, certaines très étayées, d’autres plus ludiques. Parmi les comparaisons les plus évidentes, figuraient, bien sûr, les fontaines de Versailles versus celles de Peterhof.
La rédaction des Carnets de Versailles
Cet article est extrait des Carnets de Versailles n°11 (avril-septembre 2017)
Trois ans de réflexion sur la protection des œuvres
Les collections des demeures historiques, exposées depuis longtemps dans des salles pour lesquelles elles ont été conçues, sont particulièrement révélatrices de ce qui peut les altérer. Elles sont l’objet d’une réflexion commune menée sur trois ans et dont la présentation des résultats aura lieu, l’automne prochain, au château de Versailles. Ce colloque international réunira les plus grands experts en matière de conservation préventive et sera un moment crucial de partage des connaissances en vue de protéger plus efficacement notre patrimoine.