Distraction favorite de la Cour sous l’Ancien Régime, le jeux pouvait coûter cher… dans tous les sens du terme.
Alors que les jeux à mise sont formellement interdits partout dans le royaume, la Cour s’y adonne à Versailles avec passion, sans risquer de s’attirer les foudres des souverains, qui possèdent eux-mêmes un sérieux penchant pour ces divertissements. Le jeu — d’argent ou non — se pratique dans les « soirées d’appartement », plusieurs fois par semaine, mais aussi dans le salon de la Paix.
Une démonstration de richesse
L’activité fait fureur auprès des courtisans qui n’hésitent pas à miser — et perdre ! — des sommes astronomiques. C’est qu’il est de bon ton de dire que l’on s’y est ruiné, une manière d’affirmer que l’on a de l’argent et que l’on ne craint pas de le dépenser. Si les monarques qui se succèdent ferment les yeux sur ces pratiques, c’est sans doute que tous ont compris la nécessité de détourner les nobles de leur oisiveté perpétuelle et de les étourdir de sensations fortes. Une manière de leur faire oublier qu’ils ont été contraints de délaisser leurs domaines pour venir s’entasser à Versailles. Le jeu, un instrument politique ?
Le jeu de la Reine
Lansquenet, bassette, pharaon, tric-trac… Les jeux de table ou les jeux de cartes, les jeux de hasard ou les jeux d’adresse vont donc bon train. La reine Marie-Antoinette, dont on peut encore admirer — non sans émotion — le jeu de cartes, fait partie de ces personnages qui ne regardent pas à la dépense.
Mme de Boigne rapporte que la souveraine et son beau-frère, le comte d’Artois, jouent des sommes telles qu’ils sont « obligés d’admettre dans leur société intime tous les gens tarés de l’Europe pour trouver à faire leur partie ». Il faut rappeler que, dans une certaine mesure, le Trésor accepte de prendre en charge une partie des pertes de jeu de la famille royale. Mais tous ne bénéficient malheureusement pas de ce privilège. Alors certains trichent, au risque de se voir bannis. Un divertissement à hauts risques. Toutefois, Louis XVI, pour préserver ses sujets, décidera de mettre un terme aux « jeux de hasard et d’argent » en 1781.
Sandrine Rosenberg,
À LIRE
Petit inventaire ludique et spectaculaire, par Sandrine Rosenberg, Château de Versailles / éditions du Chêne, 21 × 27 cm, 316 p., 39,90 €, novembre 2019.
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