Un nouveau parcours de visite est proposé dans le charmant musée Lambinet, installé dans un ancien hôtel particulier. À travers des œuvres originales et de très intéressantes analogies, il offre
un point de vue différent sur le château.
Les amateurs et passionnés du château de Versailles auront tout d’abord plaisir à croiser le portrait présumé de Brillant, le magnifique chat angora de Louis XV, saisi en pleine chasse au papillon, par le peintre Jean-Jacques Bachelier (1724-1806). Cette peinture est à l’image de ce que les visiteurs du musée peuvent trouver en ses murs : une autre histoire de Versailles, passant de la cour à la ville, au travers des quelque trente-cinq salles qu’offre le parcours renouvelé depuis décembre 2022.
Des œuvres directement liées à l’histoire du château
Peu de temps après son ouverture au public, en 1932, le musée Lambinet bénéficie du dépôt de quelques-unes des collections appartenant à son prestigieux voisin. Parmi celles-ci, l’une des plus anciennes représentations du château, datée autour de 1664, par Adam-Frans Van der Meulen (1632-1690) dans laquelle on remarque les onze arcades de la première orangerie, créée en 1663 par Louis Le Vau en brique et pierre.
Les férus de détails apprécieront également la peinture de Joseph-Marie Vien (1716-1809), préparatoire à la toile intitulée La Chasse, représentant Diane et ses nymphes ordonnant le partage de son butin entre les bergers, destinée à la salle à manger du Petit Trianon.Rendre le château plus proche, c’est paradoxalement ce que des œuvres insolites du musée permettent. Ainsi en est-il des précieux instruments scientifiques commandés à l’abbé Nollet (1700-1770) et destinés à l’éducation des Enfants de France.
Doté de grands talents de pédagogue, l’abbé Nollet avait, en effet, constitué un ensemble d’objets reconnaissables à leurs socles rouges et noirs et leurs décorations de feuilles et fleurs d’or afin d’illustrer les lois de la mécanique. Déposés par le musée historique du lycée Hoche de Versailles, ils témoignent du soin apporté à l’enseignement des futurs souverains.
Boutons de redingote
Le château est aussi, et surtout, une grande source d’inspiration pour les artistes et les artisans qui bénéficiaient d’une clientèle de choix constituée grâce à la présence de la Cour. Ainsi en trouve-t-on des images sur des supports aussi étonnants et précieux que peuvent l’être, par exemple, les dix-huit miniatures ornant des boutons de redingote.
Destinées à l’apparat d’un vêtement masculin, ces minutieuses représentations, attribuées à Joseph Vernet (1714-1789) et réalisées sur de l’ivoire, sont particulièrement appréciées du public qui prend la mesure de l’inventivité dans le costume au XVIIIe siècle. Le château et son lien avec la ville sont une composante forte des collections municipales de Versailles. Ils ont motivé nombre des donateurs et légataires qui ont fait de cet établissement une vraie « maison de collectionneurs ». En dehors des objets remarquables cités précédemment, le musée d’art et d’histoire de Versailles aborde beaucoup d’aspects qui entrent en résonance avec le chef-d’œuvre voulu par Louis XIV. L’invitation est donc faite à tous les amateurs et curieux de les découvrir, à quelques minutes de son illustre partenaire.
Émilie Maisonneuve,
directrice du musée Lambinet et de l’espace Richaud
Une histoire d’attachement
L’hôtel particulier situé boulevard de la Reine, près de la gare de Versailles Rive-Droite, abrite depuis 1932 le musée d’art et d’histoire de la ville royale. Construit en 1752 par l’entrepreneur des Bâtiments du roi Joseph-Barnabé Porchon (1725-1792), ce bâtiment de style rocaille1 rappelle à tous les passants l’élégance de l’architecture dans le quartier Notre-Dame sous le règne de Louis XV.
Il passe, au début du XIXe siècle, entre les mains de la famille Gallet de Mondragon avant d’être acheté, en 1852, par le magistrat Victor Lambinet. Sa belle-fille décide de le léguer à la ville de Versailles à la suite du décès tragique de son fils unique. Après la disparition de Nathalie Lambinet, en 1926, l’hôtel bénéficia de l’affectation importante d’éléments de beaux-arts en provenance de la bibliothèque municipale de Versailles.
Le musée Lambinet s’enrichit ensuite progressivement grâce à des donateurs et légataires très attachés à Versailles, comme l’historien Charles Vatel, en 1883. Deux personnalités parisiennes issues du milieu du théâtre témoignent du goût, à leur époque, pour le XVIIIe siècle : la femme de « Monsieur Albert » et comédienne Louise Thiry (1831-1898), qui finit ses jours boulevard de la Reine et légua trente-sept tableaux, soixante-quatorze pièces de faïences et quarante pièces de mobilier et objets d’art ; la sociétaire de la Comédie-Française et grande actrice, aussi connue alors que Sarah Bernhardt, Julia Bartet (1854-1941), dont une partie des collections, complétée par celle de son ami Maurice Paléologue, revint au musée Lambinet en 1942. Les boiseries du petit salon vert de son appartement parisien, remontées dans une salle du musée, en gardent le souvenir précieux.
La diversité des collections permet d’aborder ainsi des thèmes très variés, comme l’apothicairerie – grâce aux objets provenant de l’ancien hôpital royal de Versailles et déposés au musée dans les années 1990 –, l’horlogerie – avec un « mur
du temps » couvert de cartels –, la manufacture de Jouy-en-Josas ou l’école de Saint-Cyr.
1 Le guide consacré aux collections du musée paru en 2022 donne un nouvel éclairage sur l’histoire de cet hôtel Porchon-Lambinet, connu aujourd’hui sous le nom de « musée Lambinet ».
Un nouveau parcours pour les 90 ans du musée
Engagé dans la réfection de ses fenêtres, le musée Lambinet s’est lancé un défi bien plus grand : revoir le parcours permanent dans son intégralité, chantier rendu possible grâce à l’active collaboration des ateliers municipaux. S’appuyant sur cette dynamique voulue par le maire de Versailles, François de Mazières, la rénovation muséographique a permis de rendre la visite plus lisible et de mieux valoriser les arts décoratifs, très bien représentés.
À VISITER
Musée Lambinet
54, boulevard de la Reine, à Versailles
Ouvert, sauf jours fériés, du mercredi au vendredi
de 12 h à 19 h et le week-end
de 10 h à 19 h
Tél. : 01 30 97 28 75
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