La grille d’honneur s’est effacée pour un temps de restauration et, avec elle, les façades du château derrière un audacieux décor de miroirs. Elle sera ainsi prête à s’ouvrir aux Jeux olympiques équestres en 2024.
La grille d’honneur, à la fois entrée principale et sentinelle majestueuse du château, attire instantanément le regard de celui qui a tout juste foulé le pavé de la place d’Armes. Elle impressionne par la hauteur de ses lances, la richesse de ses symboles royaux et les volutes de ses barreaux forgés. Bien plus qu’un rempart protecteur, elle est le fruit des travaux d’agrandissement et d’embellissement du château, formant à elle seule une page d’histoire.
Reflet de l’histoire
Son aspect général actuel remonte aux travaux de Jules Hardouin-Mansart, quand l’architecte l’avança plus à l’est à l’occasion d’un remaniement des cours, fixant alors sa place définitive et lui donnant plus d’ampleur. Ainsi, célébrant par ses décors l’hégémonie militaire du Roi-Soleil, la grille dite d’honneur se dressait-elle en gardienne inébranlable du pouvoir royal. Toutefois, au XVIIIe siècle, elle ne résista pas aux assauts de la Révolution qui la dépouillèrent de ses soleils rhodiens, du monogramme du roi – deux L enlacés et couronnés – et autres insignes royaux. C’est sous la Restauration que Louis XVIII redonna un aspect flambant neuf à la grille d’honneur, qui retrouva ses symboles et reçut un nouveau couronnement avec les armes de France au-dessus de son portail central. En 1837, sous Louis-Philippe, elle était flanquée de deux nouveaux portails de part et d’autre de cette entrée principale.
Une restauration d’ampleur
La dernière remise en état générale datant de 1972, l’heure était venue de lui conférer de vrais soins, avec la participation, notamment, de l’entreprise de ferronnerie Picard Duboscq. Jusqu’au printemps 2024, de nombreux métiers d’art interviendront pour la restaurer, des éléments structurels aux détails minutieusement ciselés, de la dorure ternie par les années à la peinture écaillée, jusqu’au mur de soubassement en pierre de taille, les guérites et leurs groupes sculptés qui l’encadrent. Cette restauration prépare la grille à se faire haie d’honneur aux Jeux olympiques équestres accueillis l’été prochain à Versailles.
Habillage de choix
Dans les archives, l’une de ses plus fidèles évocations émane des traits délicats d’un dessin de l’agence de Frédéric Nepveu, architecte en chef en charge du château sous Louis-Philippe, représentant la grille à la suite de l’importante restauration commandée par Louis XVIII et menée par Alexandre Dufour en 1814. Cette belle élévation, dévoilant avec précision la répartition de la dorure et de la peinture au début du XIXe siècle, se rapproche le plus de l’état que visent les travaux actuels. Agrandie en taille réelle et imprimée sur de grandes plaques à « effet miroir », elle habille l’imposante palissade de chantier qui s’étend sur près de soixante-quatre mètres de long pour une hauteur de plus de sept mètres. C’est ainsi que, durant cette parenthèse de restauration, la palissade – dissimulant une activité tant artistique que technique – continuera de faire exister ce véritable joyau.
Camille des Monstiers,
chef de projet éditorial au château de Versailles
La restauration de la grille d’honneur est réalisée grâce au financement du Département des Yvelines.
À LIRE
Toute l’histoire de la grille d’honneur, sur la palissade de chantier intérieure, depuis la cour d’honneur.