Disparu brutalement, Thierry Ortmans incarnait le soutien constant et régulier de la Société des Amis de Versailles
depuis sa création, au début du XXe siècle.
[23-6-13], Mr de Nolhac, Mme de Castellane, Mr Millerand [fête des Amis de Versailles dans les jardins du château], par l’agence photographique Rol, 1913, Bibliothèque nationale de France. © Paris, Bibliothèque nationale de France (Bnf), département des Estampes et photographies.
Thierry Ortmans à Versailles. © EPV / Christian Milet.
Ses passions se partageaient entre ses entreprises et le XVIIIe siècle qui embellissait sa vie. Comme à toute chose, il mettait son exigence à trouver le meuble ou la restauration justes et à repousser les emballements secondaires. Il partageait ses goûts avec sa famille qu’il chérissait plus que tout. Président de la Société des Amis de Versailles, il y fut l’incarnation du mot « amitié » sur lequel devait se construire, rappelait-il, la relation entre le château de Versailles et cette association philanthropique, la première à avoir été créée pour la sauvegarde du patrimoine en 1907.
« La volonté de quelques-uns, et pas des moindres, de faire revivre le passé dans ce nouveau monde étourdissant associe alors hommes d’affaires, artistes, intellectuels, journalistes à cet engouement renouvelé pour Versailles. »
Née au tournant du siècle, l’association accompagna ce moment « revival » si magnifiquement illustré par l’exposition que lui consacra Laurent Salomé, en 2020, au château de Versailles. La volonté de quelques-uns, et pas des moindres – ce sont deux futurs présidents de la République, Raymond Poincaré et Alexandre Millerand, qui en rédigent les statuts – de faire revivre le passé dans ce nouveau monde étourdissant associe alors hommes d’affaires, artistes, intellectuels, journalistes à cet engouement renouvelé pour Versailles. Le dramaturge Victorien Sardou, qui habite le château du Verduron, voisin du domaine de Marly, en devient le premier président. Auguste Rodin figure parmi les premiers de ses membres. Tous savent – bien avant que la tragédie de la Première Guerre mondiale laisse la France exsangue – que les dons privés sont indispensables pour redonner vie au château de Versailles et à ceux de Trianon (qui lui sont directement rattachés en 1906), mission à laquelle se consacre sans trêve leur conservateur, Pierre de Nolhac.
Le moulin de Versailles, vue stéréoscopique datant de la seconde moitié du XIXe siècle. Don de M. et Mme Bernard Faugère, par l’intermédiaire de la Société des Amis de Versailles, en avril 2022. © Château de Versailles, Dist. RMN / © Christophe Fouin
Depuis, la Société des Amis de Versailles a tissé autour du château un réseau de passionnés, de fidèles qui ne s’est jamais éteint, quelles que soient les vicissitudes des temps. Souvent anonymes, ils apportent précisément ce soutien amical aussi précieux que leur mécénat. En 2022, ils ont ainsi permis onze nouvelles acquisitions, qu’il s’agisse d’émouvantes vues stéréoscopiques ou d’un joli portrait par Carmontelle, et contribué à onze restaurations, parmi lesquelles celle du cabinet de la Méridienne ou de la bibliothèque du Dauphin. Alors que nous célébrons les quatre cents ans du château de Versailles, il est ainsi symbolique de saluer, avec l’arrivée de son nouveau président, Jérôme Plouseau, la participation constante des « Amis » à son histoire sans cesse renouvelée.
Catherine Pégard,
Présidente de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles
Cet article est extrait des Carnets de Versailles n°23 (octobre 2023 – mars 2024)
La bibliothèque du Dauphin restaurée grâce à la Société des Amis de Versailles. © EPV / Thomas Garnier
