La restauration des groupes sculptés des grilles de l’orangerie a donné l’occasion d’une opération inédite au bénéfice des publics prioritaires des Yvelines, notamment ceux éloignés de la culture et les scolaires.
Restauration de l’un des groupes sculptés sur les lieux. © Département des Yvelines
Compte tenu de leurs dimensions exceptionnelles et de leur poids (plus de 20 tonnes chacun), les groupes sculptés ne pouvaient être restaurés, faute de place adaptée, dans l’enceinte du château de Versailles. Le département des Yvelines, qui soutient le projet1, a proposé une solution originale : délocaliser le chantier dans un hangar de l’ancien site industriel Dunlopillo, à Mantes-la-Jolie, et en offrir l’accès au public.
Restauration de l’un des groupes sculptés. © Département des Yvelines
Assister au travail des restaurateurs
Depuis un an, plus de 2500 visiteurs se sont rendus sur les lieux pour une expérience unique, éphémère et hybride. Ce chantier confronte tout d’abord les visiteurs à la réalité de la pierre, aux dimensions impressionnantes des blocs qui composent les groupes, à la qualité de leur sculpture, mais aussi à leur fragilité face aux assauts du climat et de la pollution. Descendus de leur piédestal, dieux et nymphes offrent à la vue leurs blessures, accumulées au fil du temps, mais aussi toute la beauté de leurs gestes et de leurs expressions.
Il est aussi, et surtout, question de donner à voir ce qui se fait traditionnellement dans l’ombre : le travail délicat des artisans de l’art qui prêtent leurs mains à la préservation des œuvres, avec la secrète ambition de susciter des vocations. Pour deux années s’est instauré un dialogue autour de la notion de patrimoine à travers la visite de classes de tous les niveaux (écoles, collèges, lycées) attendues la journée du mardi.
Ne rien inventer, mais trouver des idées
© Nicolas Duprey
Anne-Laure Goron fait partie de l’équipe qui travaille sur les groupes sculptés.
« Je commence toujours par expliquer aux élèves la spécificité de notre vocation par rapport aux métiers d’art traditionnels. Nous ne sommes pas des tailleurs de pierre, comme ils l’imaginent souvent, notre objectif étant de conserver le maximum d’éléments existants », précise la restauratrice du patrimoine. Visiblement, les jeunes, impressionnés par les dimensions des œuvres, s’interrogent beaucoup sur leur déplacement, et ils ont bien raison :
« Le démontage en blocs des deux premières sculptures nous a permis de découvrir leur noyau intérieur en moellons de pierre et mortier, ce qui nous a fait revoir la façon de transporter d’un seul tenant les deux autres. »
Une structure autour d’une terrasse maintenue par des IPN traversant la pierre a permis ce transfert depuis le château. « Nous ne devons surtout rien inventer pour les sculptures elles-mêmes, mais notre métier exige beaucoup d’idées pour trouver des solutions originales à chaque problématique », conclut Anne-Laure.
Inspirés des Métamorphoses d’Ovide, les personnages d’Aurore et Céphale, Vertumne et Pomone, Flore et Zéphyr et Vénus et Adonis permettent aussi d’aborder la mythologie et comment celle-ci inspira l’âge classique, ce qui conduit naturellement à se tourner vers Versailles. Des panneaux explicatifs ponctuent le parcours sur le site où trois alcôves ont été aménagées pour une découverte virtuelle du château, « VersaillesVR : le Château est à vous », développée grâce au partenariat avec Google Arts & Culture.
La rédaction des Carnets de Versailles
1 Avec le département des Hauts-de-Seine.
Article tiré des Carnets de Versailles n°22 ( avril – septembre 2023).
À VOIR
Le Réveil de la pierre
Accès gratuit tous les mardis, de 9 h à 12 h 30 et de 13 h 30 à 17 h 30.
Allée des Marronniers, à Mantes-la- Jolie. Parking. Accès PMR.
Réservation obligatoire pour les groupes et demande d’informations par mail : reveildelapierre@yvelines.fr
Chantier ouvert jusqu’à fin 2024.
