Le retour du char d’Apollon, en février, au centre de la grande perspective du château, avait tout d’une annonce fracassante.
Étincelant de leurs ors retrouvés, les fougueux destriers et les tritons s’essoufflant à leurs conques semblent depuis propager la nouvelle :
le domaine de Versailles accueillera les épreuves d’équitation et de para-équitation ainsi que celles du pentathlon moderne,
du 27 juillet au 11 août, puis du 3 au 7 septembre prochains.
Si le cœur de Paris sera à l’honneur avec les rives de la Seine, le Grand Palais et la place de la Concorde, le domaine national de Versailles sera sous le feu des projecteurs pour les épreuves équestres, qui trouvent là un écrin naturel. En 2017, lors de la 131e session du Comité international olympique réuni à Lima, au Pérou, la France se voyait attribuer l’organisation des Jeux 2024. Cette décision de les voir se tenir de nouveau dans la patrie de Pierre de Coubertin, fondateur de ces Jeux modernes, était le résultat d’un pari national : leur donner une forte identité culturelle et les inscrire dans le patrimoine de la France.
À la croisée du sport et du patrimoine
Le choix de positionner les épreuves équestres à Versailles est à la fois un défi et une évidence : ce site exceptionnel, qui a toujours été dédié à l’innovation, l’audace et l’événement, devait pouvoir apporter la démonstration de l’excellence et du savoir-faire français. Dès lors, l’Établissement public s’est mis en ordre de marche pour concrétiser, avec le Comité olympique, l’accueil des épreuves équestres : dressage, saut d’obstacles et concours complet, auxquels s’ajoute le pentathlon moderne. Ce travail tire parti de la rencontre de deux cultures, celle du sport et celle du patrimoine. Les équipes ont appris beaucoup les unes des autres et – passé le cap de la prudence et la crainte de mal faire – se sont aperçues que le projet pouvait non seulement s’intégrer dans les lieux, mais également contribuer à leur embellissement.
À l’extrémité du Grand Canal et face au château
Le centre du dispositif se situe sur l’Étoile royale, carrefour des allées du parc qui a servi de modèle à la place de l’Étoile, à Paris. Là, une tribune en U de seize mille places s’ouvre déjà sur la carrière équestre et sur la perspective du château. Quant à la piste de cross-country, elle sillonne les bois et les prairies du parc, ponctuée de trois gués et de multiples obstacles. Longue de plus de cinq kilomètres, elle enjambera par deux fois le Grand Canal via des passerelles qu’emprunteront les chevaux ! Outre les travaux préparatoires de protection du patrimoine naturel, l’ensemble du projet est conçu pour que les arbres ne soient ni endommagés ni déplacés, qu’aucun ajout de terre extérieure ne vienne impacter le sol versaillais et que l’opération soit réversible.
Aménagements éphémères et embellissements durables
Si les installations provisoires sont impressionnantes, celles-ci disparaîtront, en effet, dès la fin des Jeux paralympiques, à l’automne 2024, et une remise en état soignée débutera alors pour restituer le site dans son état historique. L’organisation des Jeux ne sera néanmoins pas qu’un souvenir qui s’estompe : un volet « héritage » a été mis en place, qui comprend des projets phares. Du côté des installations olympiques, la restauration, à l’ouest du domaine, de la grille de l’Étoile royale accompagne la restructuration et l’embellissement de la plaine de Versailles. Au cœur du site, la restauration du char et de l’esplanade d’Apollon a déjà pleinement rétabli la perspective de Le Nôtre. Côté ville, la grille d’honneur a également retrouvé son éclat pour accueillir dignement les visiteurs après le passage de la flamme olympique qui traversera, le 23 juillet, les jardins du château et les Grands Appartements.
Au pied du château, les jardiniers sont à l’œuvre pour la replantation du parterre du Midi, qui permettra de retrouver les broderies de buis, gazons fleuris et topiaires du XVIIe siècle. Le parc dans son ensemble fait l’objet d’une grande campagne de taille et d’élagage des arbres d’alignement et des bosquets qui retrouveront leur port élégant, propice aux promenades équestres que le roi affectionnait. Le Grand Canal lui-même aura bénéficié de la restauration de ses berges qui auront retrouvé leur matériau d’origine, la pierre.
Cette énergie déployée est le fruit du travail des agents de l’Établissement ainsi que des entreprises et des partenaires impliqués dans cette préparation. Gageons que le premier héritage de ces Jeux sera la continuité de cette énergie démultipliée dans les projets à venir et dans l’entretien du domaine, qui est la clé de sa splendeur depuis quatre cents ans.
Raphaël Gastebois,
architecte urbaniste en chef de l’État, chargé de la conservation architecturale au château de Versailles
Cet article est extrait des Carnets de Versailles n°24 (octobre 2023-mars 2024).
La visite des châteaux et des jardins de Versailles et de Trianon ainsi que les manifestations habituelles comme les Grandes Eaux seront maintenues durant les épreuves équestres.
Une partie du Parc est, en revanche, inaccessible jusqu’au 31 octobre.
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À SUIVRE
La programmation proposée par le château autour des Jeux olympiques