magazine du château de versailles

Deux nouveaux Nocret
dans le paysage versaillais

Le château de Versailles a eu l’opportunité, ces dernières années, d’acquérir deux nouveaux portraits de la main de Jean Nocret.

Louis de France, dit le Grand Dauphin, fils de Louis XIV, à l’âge de deux ou trois ans, par Jean Nocret, vers 1663-1664,
musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. © Château de Versailles, Dist. RMN / © Christophe Fouin

Apparu au printemps 2020, le premier d’entre eux, offert grâce au mécénat du comte Édouard de Royère par l’intermédiaire de la Société des Amis de Versailles, représente le Grand Dauphin à l’âge de deux ou trois ans, avant que ne soit peinte La Famille royale dans l’Olympe. La restauration de l’œuvre a permis de révéler la présence, posée à côté de l’enfant, d’une couronne ornée de petits dauphins qui avait été entièrement masquée par des rajouts de peinture. Elle a également montré que le peintre avait eu une nouvelle fois recours à de précieux pigments de lapis-lazuli, et qu’il excellait dans la peinture de fleurs : au milieu de la guirlande se détachent notamment une rose et des œillets, symboles de pureté et d’innocence.
Le portrait s’inscrit dans une série représentant le fils de Louis XIV où on le voit également plus jeune, à cheval, ou dans son costume de baptême.

Portrait historié d’Henriette d’Angleterre, duchesse d’Orléans (1644-1670), par Jean Nocret, vers 1665-1670, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. © Château de Versailles, Dist. RMN / © Christophe Fouin

Acquis en 2023 grâce à la générosité de madame Krystyna Campbell-Pretty et de sa famille, le second tableau est une spectaculaire effigie de la belle-sœur de Louis XIV, la jeune Henriette d’Angleterre, probablement peinte en allégorie de l’Aurore flottant dans les airs.
Nocret semble avoir voulu rivaliser avec la peinture sur pierre dure, un support infiniment plus précieux que la toile dont il doit avoir vu des exemples en Italie. Au premier plan, l’enfant aux cheveux bruns portant une ceinture rouge pourrait être un portrait du fils ou de l’une des filles du modèle : on retrouve son visage sur d’autres œuvres de l’artiste destinées au duc d’Orléans et à son épouse.
Très enjouée, cette représentation est typique de l’art de Nocret et de ses portraits historiés, un genre dans lequel les modèles choisissent d’adopter les traits de personnages emblématiques issus de l’histoire, de la littérature, de la Bible ou de la mythologie. L’artiste, qui se distingue des autres portraitistes de l’époque par ses grandes capacités d’invention et d’imagination, en a fait l’une de ses spécialités.

Élodie Vaysse,
conservateur au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Cet article est extrait des Carnets de Versailles n°24 (octobre 2023-mars 2024).


À LIRE

Élodie Vaysse,
Jean Nocret, le peintre de Monsieur, frère du roi,

coédition château de Versailles /
éd. In Fine,
176 p., 19,5 x 25 cm, juin 2024, 29 €.

mot-clés

partagez

à lire également