magazine du château de versailles

Rayon de soleil
pour les plus précaires

Par l’intermédiaire de l’association Aurore, le château de Versailles accueille des personnes en très grande précarité qui ont, parfois,
à peine un abri en repartant de la cour d’Honneur.

Cela fait aujourd’hui cinq ans que dure ce partenariat dont ont profité, à travers une centaine de visites ou ateliers, plus de 2000 personnes. Céleste Blanchandin, responsable culture de l’association, répond à nos questions.

Découverte du cabinet d’angle du Roi, dans son appartement intérieur, lors d’une visite organisée par l’intermédiaire de l’association Aurore. © EPV/Didier Saulnier

Quelle est la vocation de l’association Aurore ?

Il s’agit d’une association d’envergure, reconnue d’utilité publique depuis 1875, qui emploie près de 3000 salariés pour accompagner les personnes en grand précarité. Organisée autour de trois missions principales – l’hébergement, les soins et l’insertion – elle touche, chaque année, près de 150 000 personnes au travers de 300 établissements sociaux, médico-sociaux et sanitaires, situés principalement en Île-de-France. Ses activités sont multiples : maraudes ; accueil et hébergement de personnes en situation de précarité, d’addiction, en souffrance psychique ou victimes de violence ; activités de réinsertion sociale et professionnelle à destination de personnes handicapées ou en rupture d’emploi…

Ce public vient, par l’intermédiaire de l’association, découvrir le château. N’est-il pas écrasé par la somptuosité des lieux ?

Souvent, les personnes à qui nous le proposons réagissent en disant : « ce n’est pas pour moi ! », mais, grâce à l’accueil chaleureux du château, elles se détendent dès lors qu’elles ont passé les grilles d’entrée. Les médiateurs qui les accueillent ont l’habitude de s’adapter à ce public qui manifeste sa fierté, et même son émotion, d’avoir été ainsi accueilli. Les visites et les ateliers sont d’ailleurs soigneusement préparés, à travers des journées de formation organisées par le château avec les professionnels d’Aurore qui témoignent de l’impact de ces activités sur ceux qu’ils accompagnent. Voici, par exemple, ce que nous a écrit Marie-Michelle, travailleuse sociale au sein d’un CHU à Paris : « C’était un moment inoubliable pour les participants et pour moi-même. La guide était au top, les participant très investis, nous avons réellement apprécié ce moment. »

Dans la galerie des Glaces, lors d’une visite organisée par l’intermédiaire de l’association Aurore. © EPV/Didier Saulnier

Qu’apportent à ces personnes, finalement, ces visites guidées et ces ateliers ?

Ils leur offrent, tout simplement, un moment d’émerveillement où elles se retrouvent comme les autres, et même mieux que les autres, puisqu’elles ont accès à des espaces qui ne font pas partie du circuit ouvert au public, ce qui est très valorisant. Elles prennent d’ailleurs beaucoup de photos qu’elles transmettent à leurs proches et qu’elles nous montrent, ce qui donne l’occasion d’en discuter ensemble après.
C’est un moment de plaisir pur, très important, mais c’est aussi une question d’égal accès à des lieux privilégiés. Il y a, derrière tout cela, la notion de droit culturel, un droit fondamental à nos yeux, au même titre que le droit au logement ou à l’emploi. Il s’agit, à la fois, de reconnaître et de respecter les gens avec leur propre identité, mais aussi de leur donner accès à la vie culturelle du territoire où ils se trouvent.

Dans le cadre d’un atelier au château de Versailles. © EPV/Didier Saulnier

Et plus concrètement, dans le cadre de leur réinsertion et de leur avenir ?

C’est une sorte de « pas de côté » qui peut nourrir la relation avec les travailleurs sociaux. Ces sorties culturelles peuvent faire ressortir des éléments de leur propre histoire, éléments qui s’avèrent précieux dans l’accompagnement, notamment psychologique. Les ateliers d’aquarelle ou de dorure offrent l’opportunité de révéler des talents, et donner des pistes de réinsertion. On doit véritablement considérer cette action dans le cadre du château de Versailles comme un levier d’accompagnement social à part entière.

Propos recueillis par Lucie Nicolas-Vullierme,
rédactrice en chef des Carnets de Versailles

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