En décembre 2020, le Conseil départemental des Yvelines a voté une subvention exceptionnelle de 15 millions d’euros, versée sur trois ans, au profit du château de Versailles. Cette mesure d’urgence témoigne du lien historique entre le Château et le département.
Il est difficile d’exprimer l’angoisse du lendemain pour un lieu, mais le château de Versailles, depuis sa création, accompagne l’activité de la France. Nous ne parlons heureusement pas d’un bâtiment en péril, comme il l’était après les deux Guerres mondiales, mais d’une activité qui s’est brutalement arrêtée. Et cela revient un peu au même, puisque la force de Versailles, c’est d’être un lieu hors norme qui se nourrit depuis toujours de l’activité qu’il génère.
J’étais allée le dire après l’été au Président du Conseil départemental des Yvelines, Pierre Bédier. Je lui ai expliqué que les jours que nous perdions étaient perdus pour demain, pour le rayonnement de Versailles, pour la transmission des savoirs, pour la musique ; bref, pour la culture. Je n’ai pas vraiment eu besoin de le convaincre…
En nous apportant ce soutien exceptionnel, le Conseil départemental nous rappelle – mais nous ne l’avons jamais oublié – que le château de Versailles est certes inscrit au patrimoine mondial de l’humanité, qu’il est connu dans le monde entier, mais qu’il est aussi inscrit dans son territoire. Je me souviens que, rentrant de Chine où il était allé défendre l’attractivité économique des Yvelines, Pierre Bédier m’avait confié que le visage de ses interlocuteurs s’éclairait chaque fois qu’il les invitait à venir visiter le château de Versailles.
Offrir une expérience renouvelée
L’aide que nous apporte le département des Yvelines, parce qu’elle permet des interventions multiples, d’envergure ou plus modestes, mais surtout sans délai, va nous permettre de poursuivre nos missions dans un Versailles qui vit dans – et pour – son époque. Ce Versailles enfermé dans une parenthèse forcée veut ainsi offrir une expérience renouvelée aux touristes chinois quand ils reviendront, mais d’abord aux Français soumis à l’épreuve sanitaire que nous traversons. On a coutume de dire qu’on ne comprendrait pas qu’on accueille le monde entier sans attirer ceux qui sont les plus proches de nous, mais qui n’osent pas ou auxquels on n’a pas su donner l’envie de visiter ce palais. Ce souci est d’autant plus impérieux que nos univers se réduisent.
« L’aide que nous apporte le département des Yvelines, parce qu’elle permet des interventions multiples, d’envergure ou plus modestes, mais surtout sans délai, va nous permettre de poursuivre nos missions dans un Versailles qui vit dans – et pour – son époque. »
Sans ce soutien des Yvelines, nous aurions dû renoncer à bâtir le pavillon d’accueil pour les groupes scolaires, qui auront désormais un espace vaste, aéré, « rien que pour eux » dans les jardins. C’est la même volonté, partagée aussi avec le département des Hauts-de-Seine, qui permet la restauration du clos et couvert de la Grande Écurie qui accueillera, dès la rentrée prochaine, l’esquisse du Campus « Patrimoine et Artisanat d’Excellence ». C’est cette même démarche qui permet d’offrir chaque année à 5 000 jeunes de découvrir, pendant une journée, le Château et ses jardins.
Et que dire de l’opération totalement inédite que nous allons mener ensemble à Mantes-la-Jolie, où sera délocalisé le chantier de la restauration des quatre groupes sculptés de l’Orangerie ? Cet atelier unique, dans le quartier du Val-Fourré, deviendra un lieu de travaux pratiques pour les scolaires et de découverte des métiers d’art pour les familles.
Soutenir l’Opéra Royal
Mais en participant à la sécurisation de l’Opéra Royal, c’est cet Opéra, qui fête tristement ses deux cent cinquante ans, que le département contribue à préserver au moment où sa programmation est menacée, alors qu’il s’était imposé en dix ans comme le rendez-vous de la musique baroque pour tous les mélomanes.
De même, dans le souci de favoriser la biodiversité, le département participe à la replantation du Domaine, chantier ininterrompu depuis vingt ans, depuis la grande tempête de 1999, et qui ouvre un champ nouveau d’exploration pour nos visiteurs
Il y a peu encore, on n’aurait pas osé dire que le château de Versailles était une entreprise. Pierre Bédier est de ceux qui pensent avec nous que défendre le patrimoine et l’entreprise en ces temps difficiles, c’est relier le passé, le présent et l’avenir.
Catherine Pégard,
Présidente de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles